vendredi 5 décembre 2008

Annie et ses hommes


En voyant Henri Richard, Jean Béliveau et les autres anciens glorieux dans un enième hommage, Annie s'était posée la question "Ne sont-ils pas tanné de se faire applaudir tout le temps ces anciens joueurs là?".

Puis en y réfléchissant comme il faut, elle s'était dit qu'au contraire ses gens là n'existaient, dans les meilleures années de leur vie, que dans la glorification des amateurs de hockey. Ils avaient besoin dans leur après-carrière de se refill d'amour plus que quiconque étant redevenu mortel et oridinaire après avoir été traité comme des demi-dieux pendant une bonne partie de leur vie. Guy Lafleur qui se faisant dire "on t'aime" longtemps par la foule alors qu'il vit des années difficiles comme simple père normal, sur le tapis rouge, baissant la tête pour freiner des larmes n'a pas empêché Annie d'en verser une, elle, dans son salon.

Cette année avait été difficile pour l'enseignante de maternelle. De retour d'une sabatique où elle avait porté un petit garçon dans son ventre, elle et son amoureux avait fini par perdre le rejeton au terme du sixième mois. Son père à elle était aussi décédé peu de temps après. Le chagrin avait été énorme. Une année de perdue. Une année d'espoir. Deux vies en moins. Une vie pour son couple dont les esquisses avaient été déviées du plan original. Son amoureux en avait fait une dépréssion. Il n'avait jamais été heureux dans son travail mais là c`étais la goutte de trop. Il allait quitter le chantier et avant de sombrer dans l'alcoolisme avait fait le choix de s'enrôler dans les Forces Armées.

"Mais pourquoi allez faire la guerre des autres?"
"Ce n'est pas la guerre des autres, Annie nous construisons des écoles pour les femmes et les enfants, je suis enfin utile!"

Annie comprenait que ce soldat qui s'ignorait ne pouvait que se sentir exister qu'en territoire de guerre. Comme les joueurs de hockey ne sont que des Dieux sur la patinoire. Annie devait accepter aussi que l'armée Canadienne doivent s'impliquer ponctuellement dans les conflits à travers le monde ne serais-ce que pour tester ses joujous plus ou moins encrassés depuis la Guerre de Corée. Mais pourquoi lui enlever son chum à elle? Elle qui n'étais pas particulièrement belle ni douée pour la séduction et qui croyait enfin avoir trouvé son homme.


Chaque matin elle chantait la chanson du facteur à ses élèves. "Bonjour Monsieur le Facteur, Vous êtes de Bonne Humeur...Du Courrier? Pour Moi?"

Le soir, après avoir nourri le chat avant de se coucher, elle avait encore l'habitude de se passer la main sur le ventre comme si il y avait encore quelqu'un là-dessous. Cette fois elle chassait la peine de l'enfant perdu et se concentrais sur peut-être celui à venir. Annie et son amoureux avait essayé tous les deux juste avant que celui ne parte en Afghanistan, il y a trois semaines. Elle se croyait en retard dans ses menstruations, l'était-elle vraiment? un autre garçon? ses soeurs ne faisaient que des garçons elles aussi.

Il n'avait pas réalisé son grand naif d'amoureux que lorsqu'il lui avait raconté au téléphone l'anecdote de la troupe de la Légion Française, il avait résumé en une histoire tout ce qui l'effrayait elle, dans le concept de la guerre. L'escorte de la Légion Française les avaient tiré d'un mauvais pas, puis escortés à leur base temporaire et avait failli en venir aux coups en fin de soirée de beuverie avec sa brigade à lui, alliée, quand les niveaux de testostérone et l'alcool s'étaient entremêlés.

Les partenaires du jour pouvaient devenir les ennemis de la nuit.

En guerre la morale est si vague.

Le facteur est venu voir Annie ce vendredi matin froid. Un vendredi qu'elle avait pris de congé afin de faire le pont avec la pédagogique du lundi et transformer ainsi un week-end en congé de 4 jours. Spontanément elle s'est chanté pour elle-même "Bonjour Monsieur le Facteur, Vous êtes de Bonne Humeur...Du Courrier? Pour Moi?"
Toutefois l'humeur du facteur n'y pouvait rien.
La vie venait de ravir à Annie un autre homme.

Un chiffre rond. Rond comme les perles qui se déverseraient sur ses joues pour quelques temps encore.

Le 100ème soldat Canadien à s'éteindre depuis 8 ans dans la guerre des autres.

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)