"...Walks besides me, walks on by..."
-D.J.
J'ai souvenir de 1983. J'étais en 5ème année. Quelques années/mois avant, j'avais découvert David Bowie, plutôt épeurant, dans le vidéo de Ashes to Ashes. J'avais laissé mon exploration du personnage au monde de la frayeur. Sans plus. Quand Modern Love s'est rendu à mes oreilles, je suis devenu plus attentif au bonhomme. C'est Loving the Alien, en 1984, qui m'a fait complètement chavirer pour toute son oeuvre et sa suite, je vous l'ai dit souvent.
Quand Bowie nous parlait d'amour moderne, il nous disait qu'il ne croyait plus beaucoup en aucun type de relations "traditionnelles" : hommes/femmes, hommes/hommes, Hommes/Dieu. Je ne le comprenais pas complètement alors, j'aimais surtout le feel 50's de la chanson. Qui donnait envie de danser. J'avais 12 ans. Je n'avais pas connu les 50's mais bon, je trouvais qu'il y avait du be-bop dans tout ça. J'aimais beaucoup.
J'ai aussi souvenir de 2017.
Le 31, on regarde toujours un peu au dessus de son épaule.
Cette année le mot de l'année c'est facilement abus.
Abus de toute sortes. Financier, ouvrier, sexuel, outrancier, gouvernemental, présidentiel. C'est pas une année super jolie qu'on clôt ce soir. On a un homme qui réunit une tonne de défauts humains à la tête d'un des pays les plus influents au monde. Une honte. On ne peut même plus lui accorder une seconde d'importance quand il prononce les mots vérité ou mensonges. On ne peut pas lui accorder l'importance qu'il se croit avoir sur aucun sujet. C'est le plus POTUShonteux des POTUS (President Of The United States). Il dit absolument n'importe quoi.
L'année qu'on laissera derrière aura aussi eu un peu de bon.
La vague de dénonciation sur les harcèlements sexuels ont redéfini bien des choses.
Harvey Weinstein
Bryan Singer
Kevin Spacey
Eric Salvail
Gilbert Rozon
Sylvain Archambault
James Toback
Louis CK
Ben Affleck
Dustin Hoffman
Jean-Claude Appolo
George H. Bush
Roy Moore
Charlie Rose
Matt Lauer
Chris Savino
Roy Price
Bill O'Reilly
Bill Cosby
John Besh
Mark Halperin
Al Franken
Micheal Oreskes
Lockhart Steele
Mario Batali
Charles Dutoit
Ce ne sont que les personnalités d'Amérique du Nord connues. Mais ils ont tous été accusés d'inconduite sexuelle cette année. Imaginez dans des milieux plus discrets comme les cuisines, les entrepôts, les salles de photocopies des bureaux. Terrorisant.
Terrible tout en étant fameux. Terrible parce que ça indique que la pratique était courante et tellement malsaine. Fameux parce que ça libère un tas de Femmes d'un lourd secret. Et que ça leur donne une once de dignité. Première victime de tels actes. Ça ne soigne pas tout, c'est certain. Mais ça lave un peu le crotté du quotidien. Et ça force de nouveaux regards. Un amour modernisé.
Les LGBT sont devenus LGBTQ, puis LGBTQ2. (et même LGBTQ2A, a pour allié...ce qui commence à faire de moins en moins sérieux...)
Q s'est rajouté pour "questionning" car on sait que s'avouer attiré par le même sexe est aussi difficile à faire publiquement que de dire qu'on a été agressé sexuellement. Q est aussi pour Queer, qui définit justement ce statut ambigu. Queer ça englobe tout ce qui ne serait pas des compréhensions dominantes des genres. Ça doit inclure l'androgynie. Pendant des années le terme queer était aussi péjoratif en anglais que "fif" ou "tapette" chez nous. David Bowie était fort probablement queer. Avec des titres comme John, I'm only Dancing, Velvet Goldmine ou Sweet Head. En se réappropriant le terme Queer, comme les noirs se sont appropriés le terme "nigger", on annihile l'aspect blessant du mot.
Puis, s'est rajouté le 2.
Ça m'a pris une certaine recherche pour trouver ce que voulait dire le 2 et j'ai compris que ça voulait probablement dire moi.
Le 2 s'y trouve pour "Two-Spirit" (bispiritualité). Un terme générique amérindien pour décrire des individus non conformes aux normes de genre communément admises dans les sociétés occidentales: Femmes ou Hommes. Certaines nations amérindiennes reconnaissent quatre genres sexuels: Les hommes masculins, les femmes féminines, les hommes féminins et les femmes masculines.
Je suis très probablement un homme féminin. Et suis tout à fait de racine amérindienne.
Le 3ème sexe d'Indochine, 32 ans plus tard, en 2017, est totalement existant.
Amour moderne, encore.
2017 nous aura forcé de nouveaux regards. Sains et malsains.
On sait maintenant que l'ignorance est beaucoup plus grande qu'anticipée. Mais plus facile à combattre que le terrorisme. Elle est nourrie et entretenue aussi.
Le bon côté de la chose, c'est qu'on est forcé d'être beaucoup plus vigilant. En tout temps. De toujours faire preuve de discernement. Ce qui n'est pas la tasse de thé du pays d'en dessous et de son président.
Dont Loving the Alien est, au contraire, probablement la chanson qu'il déteste le plus.
Bonne année à tous et à toute.
Que celle qui s'en vient vous comble à tous les niveaux.
Avec un regard nouveau.
Que je vous souhaite beau.
Et éclairé.
Sans haine et sans violence.
Sans agressions et pleine de substances.
Bons baisers du Costa Rica.
dimanche 31 décembre 2017
samedi 30 décembre 2017
Venus
Au travail, on m'a fait de très jolis compliments. On m'a dit que ma personnalité faisait du bien à toute l'équipe et que j'étais "une valeur saine" pour tout le monde. Remontant le moral des troupes sans toujours le réaliser. Une attitude exemplaire. C'était trop de compliments. J'ai envoyé chier le patron qui me disait ceci. Pour rééquilibrer tout ça.
Pas vrai. J'ai fait "save" suivi de "enter". Et j'ai avalé un peu d'humilité.
Puis, en entendant une entrevue à la radio, j'ai constaté une chose. On y interviewait Jay Du Temple. Duquel on disait sensiblement la même chose. Et Du Temple expliquait son côté facilement sympathique par le fait qu'il eût été élevé, entouré de femmes. C'est là que j'ai réalisé, pendant le temps des fêtes aussi, que mon enfance avait aussi été encadrée dans une rue peuplée de filles et de très peu de garçons. Que je n'ai pas de frère, mais plutôt 2 soeurs. Que mes cousins sont en Ontario et que le reste c'est toutes des cousines. Des tonnes de cousines. Qu'il n'y avait que tant de filles dans ma vie, qu'ado, je me joignait à une gang de boys. D'inséparables boys encore de nos jours. Principalement afin de rééquilibrer tout ça. Mais que je resterais le masculin féminin éternel dont les autochtones genrent la chose.
Autant pour Jay que pour moi, la constante était la présence de nombreuses femmes dans nos progression d'adulte. Ce qui a forcé la compréhension de celles-ci (Oh! au prix de multiples incompréhensions d'abord, et ponctuelles encore parfois) mais aussi un respect, un côté juste et un savoir-vivre qui aurait été assurément différent si j'avais grandi dans une fratrie de principalement masculine ou masculiniste.
On trouve nettement moins de femmes irrespectueuses, tricheuses et mal embouchées. Il y en a, c'est certain, mais la décence nous les cache, ne les place pas à la présidence.
L'année 2017 a été formidable pour les Femmes. On a exposé d'affreux squelettes mâchiste, mais on les as aussi démembrés. Et on les enterrera peu à peu. L'année 2017 aura été une révolution à ce niveau.
Aux États-Unis, on a régressé à bien des niveaux et Trump et ses valets de pisse n'aident en rien la condition féminine en général.
Mais au Québec, les dernières élections municipales auront été tout simplement formidables.
FOR
MI
DABLES
Dans le 450 de la Rive-Sud de Montréal, on avait le choix entre trois femmes. Ce qui a donné un moment comique de radio quand on a interviewé deux futurs voteurs du coin sur leurs intentions. La première répondait "je vais voter pour une femme" (elles l'étaient toutes!) et l'autre, un homme, confus, disait qu'il voterait pour Sylvie Latendresse...il y avait bien une Latendresse (Josée) et une Sylvie (Parent) qui a gagné. Mais pas le mélange qu'il en avait fait.
À Montréal, on a élu la première mairesse à occuper ce poste depuis la création de la ville. Elle est encore très verte et pas toujours habile, mais laissons-là se tromper sans heurts majeurs, elle commence et reste nettement plus rafraîchissante que quiconque d'autre.
Mais ça ne s'arrêterait pas là. Les femmes ont inondé les victoires aux élections municipales.
Josée Néron a succédé à Jean Tremblay au Saguenay.
Diane Dallaire a gagné à Rouyn-Noranda.
Doreen Assaad à Brossard.
Les mêmes leaders féminins maintenant au pouvoir à Magog, Repentigny, Rivière-du-Loup, Beloeil, Boisbriand...
Dans de la politique concrète, la municipale, où se cacher derrière un salaire à ne rien faire est pratiquement impossible.
De la politique nouveau genre, au sens propre.
Et peut-être enfin, de la politique un peu plus propre.
Fait avec respect, savoir-vivre et de manière juste.
Et équilibrée.
Quiconque me lit sait que je souhaitais ceci depuis si longtemps.
Un jour l'Inde ou l'Arabie Saoudite verra aussi des femmes resplendir autrement.
2018 pourrait être un début...
Pas vrai. J'ai fait "save" suivi de "enter". Et j'ai avalé un peu d'humilité.
Puis, en entendant une entrevue à la radio, j'ai constaté une chose. On y interviewait Jay Du Temple. Duquel on disait sensiblement la même chose. Et Du Temple expliquait son côté facilement sympathique par le fait qu'il eût été élevé, entouré de femmes. C'est là que j'ai réalisé, pendant le temps des fêtes aussi, que mon enfance avait aussi été encadrée dans une rue peuplée de filles et de très peu de garçons. Que je n'ai pas de frère, mais plutôt 2 soeurs. Que mes cousins sont en Ontario et que le reste c'est toutes des cousines. Des tonnes de cousines. Qu'il n'y avait que tant de filles dans ma vie, qu'ado, je me joignait à une gang de boys. D'inséparables boys encore de nos jours. Principalement afin de rééquilibrer tout ça. Mais que je resterais le masculin féminin éternel dont les autochtones genrent la chose.
Autant pour Jay que pour moi, la constante était la présence de nombreuses femmes dans nos progression d'adulte. Ce qui a forcé la compréhension de celles-ci (Oh! au prix de multiples incompréhensions d'abord, et ponctuelles encore parfois) mais aussi un respect, un côté juste et un savoir-vivre qui aurait été assurément différent si j'avais grandi dans une fratrie de principalement masculine ou masculiniste.
On trouve nettement moins de femmes irrespectueuses, tricheuses et mal embouchées. Il y en a, c'est certain, mais la décence nous les cache, ne les place pas à la présidence.
L'année 2017 a été formidable pour les Femmes. On a exposé d'affreux squelettes mâchiste, mais on les as aussi démembrés. Et on les enterrera peu à peu. L'année 2017 aura été une révolution à ce niveau.
Aux États-Unis, on a régressé à bien des niveaux et Trump et ses valets de pisse n'aident en rien la condition féminine en général.
Mais au Québec, les dernières élections municipales auront été tout simplement formidables.
FOR
MI
DABLES
Dans le 450 de la Rive-Sud de Montréal, on avait le choix entre trois femmes. Ce qui a donné un moment comique de radio quand on a interviewé deux futurs voteurs du coin sur leurs intentions. La première répondait "je vais voter pour une femme" (elles l'étaient toutes!) et l'autre, un homme, confus, disait qu'il voterait pour Sylvie Latendresse...il y avait bien une Latendresse (Josée) et une Sylvie (Parent) qui a gagné. Mais pas le mélange qu'il en avait fait.
À Montréal, on a élu la première mairesse à occuper ce poste depuis la création de la ville. Elle est encore très verte et pas toujours habile, mais laissons-là se tromper sans heurts majeurs, elle commence et reste nettement plus rafraîchissante que quiconque d'autre.
Mais ça ne s'arrêterait pas là. Les femmes ont inondé les victoires aux élections municipales.
Josée Néron a succédé à Jean Tremblay au Saguenay.
Diane Dallaire a gagné à Rouyn-Noranda.
Doreen Assaad à Brossard.
Les mêmes leaders féminins maintenant au pouvoir à Magog, Repentigny, Rivière-du-Loup, Beloeil, Boisbriand...
Dans de la politique concrète, la municipale, où se cacher derrière un salaire à ne rien faire est pratiquement impossible.
De la politique nouveau genre, au sens propre.
Et peut-être enfin, de la politique un peu plus propre.
Fait avec respect, savoir-vivre et de manière juste.
Et équilibrée.
Quiconque me lit sait que je souhaitais ceci depuis si longtemps.
Un jour l'Inde ou l'Arabie Saoudite verra aussi des femmes resplendir autrement.
2018 pourrait être un début...
vendredi 29 décembre 2017
Barbara Steele
Née à Birkenhead, Cheshire, en Angleterre, elle étudie le théâtre à la Chelsea Art School et à Paris, à la Sorbonne.
Mais elle n'est pas actrice en art, elle s'occupe des décors. Elle peinturait justement les décors d'une pièce à Glasgow quand on fait appel à elle pour la remplacer. Ce remplacement fait fureur et dans la foule, on la remarque. Son air saturnin et ses profonds yeux noirs séduisent tout de suite.
Les italiens d'abord. Mario Bava ne la voit qu'en photo et la veut pour son film Mask of Satan. Elle a 22 ans. Tout comme Roger Corman, autre roi du gore, la personnalité du réalisateur est extrêmement docile et passive, voire renfermée. Ce qui rend l'atmosphère du plateau particulière avec ses sujets d'horreurs et gothiques. Ils avaient l'air de prêtres jésuites, mais étaient d'un noir et douteux, ce que Barbara Steele retransmet sur pellicule pour eux.
Federico Fellini lui plaira davantage car il est aussi flamboyant que coloré. Sur le tournage de 8 1/2, pour lequel elle est choisie, Fellini consulte sans arrêt un voyant, sujet qui le fascinera toute sa vie. Ce voyant aux airs de Raspoutine casse un oeuf dans un verre en début de journée et selon ce qu'il croit voir dans le jaune d'oeuf, il dit parfois "on ne devrait pas tourner aujourd'hui. Ce qui veut parfois dire que des centaines de gens costumés, maquillés installés, doivent retourner chez eux, sans avoir travaillé. Les producteurs s'arrachaient les cheveux. Barbara s'amusait grandement. Trouvait toujours à s'amuser.
Son rôle et son numéro de danse dans 8 1/2 inspirera Quentin Tarantino pour une scène célèbre du même genre dans Pulp Fiction.
Ses joues creuses et ses grands yeux attirent les réalisateurs de films gore, un genre qu'elle ne supporte pas comme spectatrice. Elle devient si populaire dans ce genre de films qu'on la surnomme la "Scream Queen", l'une des premières du genre. Au Festival du Film Fantastique de Neuchâtel, on lui réservera même un hommage ciné, comme reine du gore.
Sur grand écran, elle a cette qualité friponne de pouvoir exposer une rage et une violence malicieuse, et quelques secondes plus tard, redevenir cette jeune fille légère, adorable et ingénue. Ça plait aux réalisateurs de gore. Genre, qui la rendra célèbre de manière presqu'accidentelle.
Elle fait aussi de la télévision. Même aux États-Unis. On la choisit pour jouer auprès d'Elvis, pour Flaming Star, mais on la remplace quand elle ne s'entend pas du tout avec le réalisateur Étatsunien Don Siegel. Elle sera d'un Alfred Hitchcock Presents... ça semble tout simplement aller de soi. Elle a du nébuleux dans l'air.
Elle est formidable.
Les années 70 lui font encore la part belle dans les films de genre, l'horreur surtout. David Cronenberg lui fait une place dans Shivers. Elle sera co-productrice d'une série dans les années 80 et sera même récompensée aux Emmys, pour sa suite, 5 ans plus tard, principale productrice cette fois.
Elle se fait plus rare dans les années 90, n'apparaissant que dans une série télé, un reboot des années 60.
Dans les années 2010, elle joue dans trois films et un court-métrage (français celui-là). Ryan Gosling lui offre un rôle pour son premier effort comme réalisateur. Un film néo-noir fantastique, bien entendu.
Barb a 80 ans, aujourd'hui.
Mais elle n'est pas actrice en art, elle s'occupe des décors. Elle peinturait justement les décors d'une pièce à Glasgow quand on fait appel à elle pour la remplacer. Ce remplacement fait fureur et dans la foule, on la remarque. Son air saturnin et ses profonds yeux noirs séduisent tout de suite.
Les italiens d'abord. Mario Bava ne la voit qu'en photo et la veut pour son film Mask of Satan. Elle a 22 ans. Tout comme Roger Corman, autre roi du gore, la personnalité du réalisateur est extrêmement docile et passive, voire renfermée. Ce qui rend l'atmosphère du plateau particulière avec ses sujets d'horreurs et gothiques. Ils avaient l'air de prêtres jésuites, mais étaient d'un noir et douteux, ce que Barbara Steele retransmet sur pellicule pour eux.
Federico Fellini lui plaira davantage car il est aussi flamboyant que coloré. Sur le tournage de 8 1/2, pour lequel elle est choisie, Fellini consulte sans arrêt un voyant, sujet qui le fascinera toute sa vie. Ce voyant aux airs de Raspoutine casse un oeuf dans un verre en début de journée et selon ce qu'il croit voir dans le jaune d'oeuf, il dit parfois "on ne devrait pas tourner aujourd'hui. Ce qui veut parfois dire que des centaines de gens costumés, maquillés installés, doivent retourner chez eux, sans avoir travaillé. Les producteurs s'arrachaient les cheveux. Barbara s'amusait grandement. Trouvait toujours à s'amuser.
Son rôle et son numéro de danse dans 8 1/2 inspirera Quentin Tarantino pour une scène célèbre du même genre dans Pulp Fiction.
Ses joues creuses et ses grands yeux attirent les réalisateurs de films gore, un genre qu'elle ne supporte pas comme spectatrice. Elle devient si populaire dans ce genre de films qu'on la surnomme la "Scream Queen", l'une des premières du genre. Au Festival du Film Fantastique de Neuchâtel, on lui réservera même un hommage ciné, comme reine du gore.
Sur grand écran, elle a cette qualité friponne de pouvoir exposer une rage et une violence malicieuse, et quelques secondes plus tard, redevenir cette jeune fille légère, adorable et ingénue. Ça plait aux réalisateurs de gore. Genre, qui la rendra célèbre de manière presqu'accidentelle.
Elle fait aussi de la télévision. Même aux États-Unis. On la choisit pour jouer auprès d'Elvis, pour Flaming Star, mais on la remplace quand elle ne s'entend pas du tout avec le réalisateur Étatsunien Don Siegel. Elle sera d'un Alfred Hitchcock Presents... ça semble tout simplement aller de soi. Elle a du nébuleux dans l'air.
Elle est formidable.
Les années 70 lui font encore la part belle dans les films de genre, l'horreur surtout. David Cronenberg lui fait une place dans Shivers. Elle sera co-productrice d'une série dans les années 80 et sera même récompensée aux Emmys, pour sa suite, 5 ans plus tard, principale productrice cette fois.
Elle se fait plus rare dans les années 90, n'apparaissant que dans une série télé, un reboot des années 60.
Dans les années 2010, elle joue dans trois films et un court-métrage (français celui-là). Ryan Gosling lui offre un rôle pour son premier effort comme réalisateur. Un film néo-noir fantastique, bien entendu.
Barb a 80 ans, aujourd'hui.
jeudi 28 décembre 2017
Rêves Coréens & Constructions de l'Esprit
La zone démilitarisée entre les 2 Corées a été créée en 1953 en conjonction avec la Chine et les Nations Unies. Il s'agit d'une portion asphaltée de 250 kilomètres de long et de 4 kilomètres de large.
Bien que la zone se dise "démilitarisée" c'est une parfaite construction de l'esprit. Il s'agit de la frontière la plus armée au monde, et reste une zone exclusivement composée de militaires. De la Corée du Sud et de la Corée du Nord. Chacun de son côté, face à face. Tous armés jusqu'aux dents.
Des tunnels ont été créé, au moins 4, afin de faire passer des immigrés, toujours dans la même direction, Des gens fuyant de la répressive et austère Corée du Nord à la libre Corée du Sud. En 1974, on découvre le premier tunnel quand de la fumée sort du sol. On y tue un homme et on fait prisonniers les autres. Le second tunnel est découvert en mars 1975. Le mystère entoure le destin de ceux qui y travaillaient. On faisait croire, du côté de la Corée du Nord, qu'on creusait un tunnel pour y trouver du granit. On peinturait même les parois en noir afin de faire croire que du granit s'y trouverait peut-être, mais le but non avoué était de fuir la Corée du Nord. De se rendre dans un monde libre.
Le troisième tunnel du même ordre est découvert en octobre 1978. C'est un déserteur de la Corée du Nord, capturé par le pays qu'il tentait de quitter, qui vend la mèche sur ce tunnel. Un quatrième tunnel est découvert en mars 1990.
De l'armistice jusqu'à 1972, autour de 7700 Sud-Coréens soldats et agents ont infiltré les installations de la Corée du Nord afin de saboter l'artillerie militaire.
Entre 1953 et 2004, des hauts-parleurs des deux côtés ont scandés par intermittence, bien souvent près de 12 heures par jour, des slogans et des chants de propagande en faveur de leur pays.
Le 17 novembre dernier, un jeune soldat de 24 ans, Oh Chong-Song, a foncé en jeep de la Corée du Nord en direction de la Corée du Sud. À un certain, moment, il a été forcé d'immobiliser sa voiture et en sortir. Jamais il n'a été hors de la vue des gardes qui surveillaient les lieux. Les soldats de la Corée du Nord, ses compatriotes, lui ont tous tirés dessus. Le blessant suffisamment pour qu'il en tombe inconscient. Il est resté étendu longtemps, avant que les soldats Sud-Coréens, ceux-là, ceux-là même qui assistaient impuissants à la tentative d'évasion de ce pauvre bougre, ne viennent le chercher pour le traîner de leur côté, et l'envoyer de toute urgence à l'hôpital. Il a été traité par un chirurgien sud-coréen et lui a confessé qu'il ne voulait plus retourner du côté de Kim Jong Un et ne voulait rien savoir de l'armée.
Depuis 1953, plus de 26 000 déserteurs l'ont imité. Des primes ont même été données, jusqu'en 1997 aux déserteurs de la Corée du Nord, immigrant au Sud.
Il y a 8 jours, deux autres déserteurs du Nord, se sont aussi rêvé une vie meilleure. Ils se sont laissés flotter sur une embarcation de fortune, sans moteur, et ont été repéré par un vol de surveillance de la Corée du Sud.
Environ 15 Nord-Coréens ont fui le pays où on se construit mentalement l'idée que tout le monde est heureux, tout le monde aime Kim Jong Un, et où il fait bon vivre, depuis janvier 2017.
C'est trois fois plus qu'en 2016.
Si il y avait un tel bonheur à vivre en Corée du Nord, qu'y aurait il à fuir?
Ces évadés ont concrétisé une partie de leurs rêves.
Et fui la construction de l'esprit dans laquelle ils son prisonniers.
Les prochains olympiques d'hiver seront particuliers...
Nous partons nous-même rêver vers le sud, au Costa Rica, jusqu'au 8 janvier. Vous aurez des textes pré-enregistrés jusque là, donc les commentaires ne seront peut-être pas mis à jour avant le 8 ou le 9. Les sujets, pas complètement collés sur l'actualité du moment non plus. Bonne année à tous!
Bien que la zone se dise "démilitarisée" c'est une parfaite construction de l'esprit. Il s'agit de la frontière la plus armée au monde, et reste une zone exclusivement composée de militaires. De la Corée du Sud et de la Corée du Nord. Chacun de son côté, face à face. Tous armés jusqu'aux dents.
Des tunnels ont été créé, au moins 4, afin de faire passer des immigrés, toujours dans la même direction, Des gens fuyant de la répressive et austère Corée du Nord à la libre Corée du Sud. En 1974, on découvre le premier tunnel quand de la fumée sort du sol. On y tue un homme et on fait prisonniers les autres. Le second tunnel est découvert en mars 1975. Le mystère entoure le destin de ceux qui y travaillaient. On faisait croire, du côté de la Corée du Nord, qu'on creusait un tunnel pour y trouver du granit. On peinturait même les parois en noir afin de faire croire que du granit s'y trouverait peut-être, mais le but non avoué était de fuir la Corée du Nord. De se rendre dans un monde libre.
Le troisième tunnel du même ordre est découvert en octobre 1978. C'est un déserteur de la Corée du Nord, capturé par le pays qu'il tentait de quitter, qui vend la mèche sur ce tunnel. Un quatrième tunnel est découvert en mars 1990.
De l'armistice jusqu'à 1972, autour de 7700 Sud-Coréens soldats et agents ont infiltré les installations de la Corée du Nord afin de saboter l'artillerie militaire.
Entre 1953 et 2004, des hauts-parleurs des deux côtés ont scandés par intermittence, bien souvent près de 12 heures par jour, des slogans et des chants de propagande en faveur de leur pays.
Le 17 novembre dernier, un jeune soldat de 24 ans, Oh Chong-Song, a foncé en jeep de la Corée du Nord en direction de la Corée du Sud. À un certain, moment, il a été forcé d'immobiliser sa voiture et en sortir. Jamais il n'a été hors de la vue des gardes qui surveillaient les lieux. Les soldats de la Corée du Nord, ses compatriotes, lui ont tous tirés dessus. Le blessant suffisamment pour qu'il en tombe inconscient. Il est resté étendu longtemps, avant que les soldats Sud-Coréens, ceux-là, ceux-là même qui assistaient impuissants à la tentative d'évasion de ce pauvre bougre, ne viennent le chercher pour le traîner de leur côté, et l'envoyer de toute urgence à l'hôpital. Il a été traité par un chirurgien sud-coréen et lui a confessé qu'il ne voulait plus retourner du côté de Kim Jong Un et ne voulait rien savoir de l'armée.
Depuis 1953, plus de 26 000 déserteurs l'ont imité. Des primes ont même été données, jusqu'en 1997 aux déserteurs de la Corée du Nord, immigrant au Sud.
Il y a 8 jours, deux autres déserteurs du Nord, se sont aussi rêvé une vie meilleure. Ils se sont laissés flotter sur une embarcation de fortune, sans moteur, et ont été repéré par un vol de surveillance de la Corée du Sud.
Environ 15 Nord-Coréens ont fui le pays où on se construit mentalement l'idée que tout le monde est heureux, tout le monde aime Kim Jong Un, et où il fait bon vivre, depuis janvier 2017.
C'est trois fois plus qu'en 2016.
Si il y avait un tel bonheur à vivre en Corée du Nord, qu'y aurait il à fuir?
Ces évadés ont concrétisé une partie de leurs rêves.
Et fui la construction de l'esprit dans laquelle ils son prisonniers.
Les prochains olympiques d'hiver seront particuliers...
Nous partons nous-même rêver vers le sud, au Costa Rica, jusqu'au 8 janvier. Vous aurez des textes pré-enregistrés jusque là, donc les commentaires ne seront peut-être pas mis à jour avant le 8 ou le 9. Les sujets, pas complètement collés sur l'actualité du moment non plus. Bonne année à tous!
mercredi 27 décembre 2017
À La Recherche Du Temps Perdu***********Gravity's Rainbow par Thomas Pynchon
Chaque mois, vers la fin, comme je le fais pour le cinéma (vers le début) et pour la musique (vers le milieu), je vous parle littérature, du genre qui m'a profondément marqué et je tente de vous dire comment et pourquoi.
Lire c'est penser, réfléchir, parler à un ami, l'écouter, l'entendre, le comprendre (ou pas), c'est s'immiscer dans une réalité qui n'est pas la nôtre, c'est oser braver ses préjugés, c'est s'ouvrir, découvrir un nouvel angle sur la vie, sur soi-même, sur les autres. C'est prêter une oreille à des confessions, une culture, des moeurs, ds fantasmes, c'est avoir l'oeil et la tête sur de nouvelles conceptions, se permettre un nouveau regard. C'est faire acte de générosité mentale. C'est générateur aussi. Ça fait fleurir les idées. C'est forger ses propres pensées en les confrontant parfois à celles des autres, ou en s'en inspirant. C'est écouter sa musique, découvrir son rythme, en faire naître de nouveaux. C'est découvrir l'écho d'un peuple qui ne sera jamais le nôtre ou tout le contraire. C'est explorer une nouvelle lumière, parcourir et agrandir les corridors cérébraux. C'est se balader sur la plage du monde entier qui le compose. C'est danser sur le cerveau d'un autre. C'est apprendre la vie par les yeux et les mots. Par le moteur de la pensée redessinée. C'est un regard, une inspiration, un souffle.
Lire c'est visiter la vie des autres et un peu la nôtre aussi.
Lire c'est beaucoup mon métier et c'est pour moi respirer.
GRAVITY'S RAINBOW de THOMAS PYNCHON
Long (760 pages), complexe, comprenant quelques 400 personnages, situant l'action principalement en Europe durant la Seconde Guerre Mondiale, et concentrant sa narration sur le design , la production et le déploiement de la fusée V-2 allemande, le livre peut paraître intimidant.
L'une des intrigues suit un groupe de personnages à la quête du mystérieux secret entourant le Schwarzgerät, un article prévu pour être installé dans la fusée immatriculée 00000.
Piochant dans un large champs de connaissances passant de la physique, la métaphysique, les mathématiques, la culture et le sexe, on passe beaucoup de l'intellectuelau trumpisme à la vulgaire grossièreté. Paru en 1973, il a obtenu plusieurs prix de reconnaissance, mais a aussi été rejeté par le Pulitzer, qui l'avait choisi pour sa courte liste, parce que jugé obscène et surécrit.
Le titre peut faire référence à l'arc (en ciel) que fait le trajet de la fusée V-2 lorsque propulsée, l'arc narratif, relativement tordu, qui rappelle la confusion de Finnegan's Wake de James Joyce ou l'audace de The Confidence Man d'Herman Melville, la trajet statistique des bombes fusées du récit, l'introduction du facteur aéléatoire dans la science et dans la physique quantique, facteur qui mettait à mal le déterminisme universel ou encore le côté animé de l'imagination d'un mortel.
La première partie se déroule entre le 18 décembre et le 26, en pleine guerre, en 1944, et fait référence à l'impossibilité de ne plus jamais être conditionnellement stimulé par quoi que ce soit. La seconde partie contient 8 épisodes, en France, entre autre endroit, entre Noël 1944 et la pentecôte de mai 1945. La troisième partie contient 32 épisodes entre l'été 1945 (malgré de multiples retour en arrière) et le 6 août, jour de l'horreur atomique. La désillusion est au rendez-vous. La dernière partie comprend 12 épisodes, commençant au lendemain de la bombe atomique en Asie jusqu'au 14 septembre de cette même année.
Pynchon croise faits réels, faits avérés et parfaite fiction. Des références à Pavlov, Ouspensky, Jung sont basées sur de réelles recherches concernant ces gens. La description de l'Opération Backfire, semble être une copie du rapport sur les événements, (Pynchon y avait accès dans l'armée). Le 16 décembre 1944, dans un cinéma de Anvers, en Belgique, 1200 personnes sont dans une salle de cinéma et visionnent le film The Plainsman quand une V-2 allemand leur atterrit dessus, tuant 567 âmes.
La magie noire et le mysticisme nazi est aussi évoqué par Pynchon. Afin de garder une cohérence historique, Pynchon place ses intrigues et personnages dans de réels évènements de cette sale guerre, chronologiquement. Comme Littell le fera des années plus tard. Avec autant de succès.
Pynchon nous reste en tête longtemps après l'avoir lu. Il a une prose presque mathématique, calculant chaque ambiguité avec une finesse, parfois drôle, parfois risquée, parfois habile, parfois linguistiquement farfelu. C'est une orgie d'ivrogne littéraire.
Pour un autochtone irlandais comme moi, c'est parfait.
C'est même, encore aujourd'hui, un brin post moderniste.
Voilà peut-être pourquoi, de nos jours, on le retrouve encore dans les meilleurs livres jamais écrits.
Ou qu'il faut avoir lu avant de mourir.
Thom, n'aimant pas ses dents, comme Salinger ou Ducharme, ne se montre jamais en public depuis toujours. Peu de photos de lui subsiste et ce sont des institus officiels comme les Marines ou l'université qui en sont la source.
Pynchon est toujours vivant et se cache derrière ses 80 ans.
(les trois dessins sont de Zak Smith, qui a fait un fabuleux travail de 760 dessins, illustrant chaque page du roman)
Lire c'est penser, réfléchir, parler à un ami, l'écouter, l'entendre, le comprendre (ou pas), c'est s'immiscer dans une réalité qui n'est pas la nôtre, c'est oser braver ses préjugés, c'est s'ouvrir, découvrir un nouvel angle sur la vie, sur soi-même, sur les autres. C'est prêter une oreille à des confessions, une culture, des moeurs, ds fantasmes, c'est avoir l'oeil et la tête sur de nouvelles conceptions, se permettre un nouveau regard. C'est faire acte de générosité mentale. C'est générateur aussi. Ça fait fleurir les idées. C'est forger ses propres pensées en les confrontant parfois à celles des autres, ou en s'en inspirant. C'est écouter sa musique, découvrir son rythme, en faire naître de nouveaux. C'est découvrir l'écho d'un peuple qui ne sera jamais le nôtre ou tout le contraire. C'est explorer une nouvelle lumière, parcourir et agrandir les corridors cérébraux. C'est se balader sur la plage du monde entier qui le compose. C'est danser sur le cerveau d'un autre. C'est apprendre la vie par les yeux et les mots. Par le moteur de la pensée redessinée. C'est un regard, une inspiration, un souffle.
Lire c'est visiter la vie des autres et un peu la nôtre aussi.
Lire c'est beaucoup mon métier et c'est pour moi respirer.
GRAVITY'S RAINBOW de THOMAS PYNCHON
Long (760 pages), complexe, comprenant quelques 400 personnages, situant l'action principalement en Europe durant la Seconde Guerre Mondiale, et concentrant sa narration sur le design , la production et le déploiement de la fusée V-2 allemande, le livre peut paraître intimidant.
L'une des intrigues suit un groupe de personnages à la quête du mystérieux secret entourant le Schwarzgerät, un article prévu pour être installé dans la fusée immatriculée 00000.
Piochant dans un large champs de connaissances passant de la physique, la métaphysique, les mathématiques, la culture et le sexe, on passe beaucoup de l'intellectuel
Le titre peut faire référence à l'arc (en ciel) que fait le trajet de la fusée V-2 lorsque propulsée, l'arc narratif, relativement tordu, qui rappelle la confusion de Finnegan's Wake de James Joyce ou l'audace de The Confidence Man d'Herman Melville, la trajet statistique des bombes fusées du récit, l'introduction du facteur aéléatoire dans la science et dans la physique quantique, facteur qui mettait à mal le déterminisme universel ou encore le côté animé de l'imagination d'un mortel.
La première partie se déroule entre le 18 décembre et le 26, en pleine guerre, en 1944, et fait référence à l'impossibilité de ne plus jamais être conditionnellement stimulé par quoi que ce soit. La seconde partie contient 8 épisodes, en France, entre autre endroit, entre Noël 1944 et la pentecôte de mai 1945. La troisième partie contient 32 épisodes entre l'été 1945 (malgré de multiples retour en arrière) et le 6 août, jour de l'horreur atomique. La désillusion est au rendez-vous. La dernière partie comprend 12 épisodes, commençant au lendemain de la bombe atomique en Asie jusqu'au 14 septembre de cette même année.
Pynchon croise faits réels, faits avérés et parfaite fiction. Des références à Pavlov, Ouspensky, Jung sont basées sur de réelles recherches concernant ces gens. La description de l'Opération Backfire, semble être une copie du rapport sur les événements, (Pynchon y avait accès dans l'armée). Le 16 décembre 1944, dans un cinéma de Anvers, en Belgique, 1200 personnes sont dans une salle de cinéma et visionnent le film The Plainsman quand une V-2 allemand leur atterrit dessus, tuant 567 âmes.
La magie noire et le mysticisme nazi est aussi évoqué par Pynchon. Afin de garder une cohérence historique, Pynchon place ses intrigues et personnages dans de réels évènements de cette sale guerre, chronologiquement. Comme Littell le fera des années plus tard. Avec autant de succès.
Pynchon nous reste en tête longtemps après l'avoir lu. Il a une prose presque mathématique, calculant chaque ambiguité avec une finesse, parfois drôle, parfois risquée, parfois habile, parfois linguistiquement farfelu. C'est une orgie d'ivrogne littéraire.
Pour un autochtone irlandais comme moi, c'est parfait.
C'est même, encore aujourd'hui, un brin post moderniste.
Voilà peut-être pourquoi, de nos jours, on le retrouve encore dans les meilleurs livres jamais écrits.
Ou qu'il faut avoir lu avant de mourir.
Thom, n'aimant pas ses dents, comme Salinger ou Ducharme, ne se montre jamais en public depuis toujours. Peu de photos de lui subsiste et ce sont des institus officiels comme les Marines ou l'université qui en sont la source.
Pynchon est toujours vivant et se cache derrière ses 80 ans.
(les trois dessins sont de Zak Smith, qui a fait un fabuleux travail de 760 dessins, illustrant chaque page du roman)
mardi 26 décembre 2017
Ballerine
J'adore l'hiver. Je dirais même que c'était mon tout premier amour. Avant les filles. Le hockey, le ski, Noël, ma fête, le carnaval, le super bowl, l'idée de se réchauffer auprès d'un feu, les joues rosées. Avec le temps, la même chose accompagné d'une belle fille. Embrasser cette belle fille sous une flopée de flocons riches en pointes diamantées.
Cette belle fille, devenait mon amoureuse, 25 ans plus tôt, le 21 décembre dernier. Je trompais mon amour indéfectible de l'hiver par un amour indéfectible pour Twingling Finnling de la rue du Plum Pudding.
L'hiver de cette année n'avait pas une heure que je tombais au combat.
Je le sentais. C'était notre 25ème anniversaire de couple et rien ne se passait comme je le souhaitais. C'était ma dernière journée de travail et je n'en avais pas envie. J'aurais voulu célébrer nos noces de...de...c'est quoi 25 ans? noces d'argent? mais je quittais la maison vers 5h20 le matin, sans voir personne. Arrivé au boulot. mon camion était le seul qu'on avait pas chargé la veille. Non seulement il n'était pas chargé pour ma journée de livraison, il était aussi plein de cochonneries de la veille qu'on prendrait quelques 2 heures à vider. Pour le remplir de mon stock du jour à livrer, après. Sans câble de GPS, qui était resté dans un autre camion, déjà parti. Je quitterais l'entrepôt le dernier, avec 3 heures de retard, et 35 adresses à livrer, donc 6-7 heures de course. M'obligeant à finir vers 17h00. Ma dernière journée avant le congé des fêtes. J'étais d'une humeur fragile.
Quand j'ai eu vent d'un cadeau que mes beaux-parents, séparés, mais unis dans une carte rendant hommage à notre union, j'ai pleuré comme un bébé au volant. Tant de gentillesse de la part d'un couple parfumé d'une certaine acrimonie.
Puis, vers 12h30, je contourne mon camion, du côté conducteur, de l'avant à l'arrière, et, voulant faire vite car une voiture allait passer à mes côtés, j'accélère le pas, dans la rue glacée de Pointe-Claire, et glisse gauchement, m'affalant de tout mon poids au sol. La chute ne m'a pas fait mal ailleurs qu'à la cheville. En tombant, un violent "crack!" s'est fait entendre de ma celle-ci sur la gauche. Une cheville qui a semblé plier dans le mauvais sens.
"CRACK!"
Quel son effroyable et quelle douleur intense. J'ai gémi. La voiture a bien vu ma chute. Les passagers sont vite sortis et m'ont imploré de ne plus continuer à travailler. Ils ont été d'une grand attention à mon égard. Je me concentrais simplement sur la douleur. Me souviens à peine de leur visage. Ai complété ma besogne sur un seul pied, montant, descendant du camion sur un seul, aussi. Crack calisse. crack le trekker qui s'en va en randonnée dans la jungle du Costa Rica. Calisse.
Après plusieurs autres stops, je n'en pouvais plus. Si ce crack était une fêlure, je l'aggravais.
Mon fils, étudiant pour devenir ambulancier, était trop content de pouvoir me guider par téléphone. L'amoureuse était en panic mode. Au travail, on m'a grondé d'avoir continué à travailler sur une jambe (J'ai quand même abandonné 13 adresses...). On a rempli des papiers de CSST. Mais bon...je quittais le lendemain et ne revenait...non...c'est pas vrai, on me faisait rentrer le 27...
"Tu ne rentre plus le 27, you're off! soignes-toi!" m'a dit G.Pawdépôwl, dans un rare élan de générosité. et en remplissant la section "Il sera affecté à des taches cléricales". Je ne reviens plus à l'entrepôt avant le 10 janvier 2018.
Entre temps, j'avais une cheville de la grosseur d'un pamplemousse. J'étais assez incapable de me mouvoir. J'avais fait un bandage élastique afin de souder des morceaux potentiellement brisés, ensemble le plus rapidement possible. Je mettais de la glace 20 minutes à toute les heures. Mais surtout je me forçais pour ne pas paniquer. Notre voyage de trekking au Costa Rica était-il compromis? Notre séjour dans les bains tourbillons dans le nord à partir du 22?...inadéquat?
À l'hopîtal, on m'a donné rendez-vous le lendemain matin pour des radiographies. Dans la nuit,
à partir de 2h00 AM, je ne dormais plus, ça faisant trop mal. Je n'ai pu redormir que vers 4h30, quand j'ai enlevé le bandage, trop serré. Cette fois, je ne marchais plus du tout sur le pied gauche. C'était pire. La panique devenait vraie. Je n'avais dormi que quelques 4 heures comme il faut.
Mais peu de temps avant les radios, avec une botte d'hiver en pied, tout semblait réglé. Après radiographies, bonheur, rien de brisé. Tout juste une entorse. Sévère, mais une entorse quand même. 3-4 jours de repos presque complet de ce pied, ou de pas très léger (22, 23, 24, 25, ok) puis reprise d'un peu de poids progressivement (26, 27, 28, ok).
EU
RE
KA
Mais cette frousse!
J'ai appris à marcher en ne mettant pratiquement aucun poids sur mon pied gauche. Comme une ballerine.
Je suis devenu, une ballerine.
Cette belle fille, devenait mon amoureuse, 25 ans plus tôt, le 21 décembre dernier. Je trompais mon amour indéfectible de l'hiver par un amour indéfectible pour Twingling Finnling de la rue du Plum Pudding.
L'hiver de cette année n'avait pas une heure que je tombais au combat.
Je le sentais. C'était notre 25ème anniversaire de couple et rien ne se passait comme je le souhaitais. C'était ma dernière journée de travail et je n'en avais pas envie. J'aurais voulu célébrer nos noces de...de...c'est quoi 25 ans? noces d'argent? mais je quittais la maison vers 5h20 le matin, sans voir personne. Arrivé au boulot. mon camion était le seul qu'on avait pas chargé la veille. Non seulement il n'était pas chargé pour ma journée de livraison, il était aussi plein de cochonneries de la veille qu'on prendrait quelques 2 heures à vider. Pour le remplir de mon stock du jour à livrer, après. Sans câble de GPS, qui était resté dans un autre camion, déjà parti. Je quitterais l'entrepôt le dernier, avec 3 heures de retard, et 35 adresses à livrer, donc 6-7 heures de course. M'obligeant à finir vers 17h00. Ma dernière journée avant le congé des fêtes. J'étais d'une humeur fragile.
Quand j'ai eu vent d'un cadeau que mes beaux-parents, séparés, mais unis dans une carte rendant hommage à notre union, j'ai pleuré comme un bébé au volant. Tant de gentillesse de la part d'un couple parfumé d'une certaine acrimonie.
Puis, vers 12h30, je contourne mon camion, du côté conducteur, de l'avant à l'arrière, et, voulant faire vite car une voiture allait passer à mes côtés, j'accélère le pas, dans la rue glacée de Pointe-Claire, et glisse gauchement, m'affalant de tout mon poids au sol. La chute ne m'a pas fait mal ailleurs qu'à la cheville. En tombant, un violent "crack!" s'est fait entendre de ma celle-ci sur la gauche. Une cheville qui a semblé plier dans le mauvais sens.
"CRACK!"
Quel son effroyable et quelle douleur intense. J'ai gémi. La voiture a bien vu ma chute. Les passagers sont vite sortis et m'ont imploré de ne plus continuer à travailler. Ils ont été d'une grand attention à mon égard. Je me concentrais simplement sur la douleur. Me souviens à peine de leur visage. Ai complété ma besogne sur un seul pied, montant, descendant du camion sur un seul, aussi. Crack calisse. crack le trekker qui s'en va en randonnée dans la jungle du Costa Rica. Calisse.
Après plusieurs autres stops, je n'en pouvais plus. Si ce crack était une fêlure, je l'aggravais.
Mon fils, étudiant pour devenir ambulancier, était trop content de pouvoir me guider par téléphone. L'amoureuse était en panic mode. Au travail, on m'a grondé d'avoir continué à travailler sur une jambe (J'ai quand même abandonné 13 adresses...). On a rempli des papiers de CSST. Mais bon...je quittais le lendemain et ne revenait...non...c'est pas vrai, on me faisait rentrer le 27...
"Tu ne rentre plus le 27, you're off! soignes-toi!" m'a dit G.Pawdépôwl, dans un rare élan de générosité. et en remplissant la section "Il sera affecté à des taches cléricales". Je ne reviens plus à l'entrepôt avant le 10 janvier 2018.
Entre temps, j'avais une cheville de la grosseur d'un pamplemousse. J'étais assez incapable de me mouvoir. J'avais fait un bandage élastique afin de souder des morceaux potentiellement brisés, ensemble le plus rapidement possible. Je mettais de la glace 20 minutes à toute les heures. Mais surtout je me forçais pour ne pas paniquer. Notre voyage de trekking au Costa Rica était-il compromis? Notre séjour dans les bains tourbillons dans le nord à partir du 22?...inadéquat?
À l'hopîtal, on m'a donné rendez-vous le lendemain matin pour des radiographies. Dans la nuit,
à partir de 2h00 AM, je ne dormais plus, ça faisant trop mal. Je n'ai pu redormir que vers 4h30, quand j'ai enlevé le bandage, trop serré. Cette fois, je ne marchais plus du tout sur le pied gauche. C'était pire. La panique devenait vraie. Je n'avais dormi que quelques 4 heures comme il faut.
Mais peu de temps avant les radios, avec une botte d'hiver en pied, tout semblait réglé. Après radiographies, bonheur, rien de brisé. Tout juste une entorse. Sévère, mais une entorse quand même. 3-4 jours de repos presque complet de ce pied, ou de pas très léger (22, 23, 24, 25, ok) puis reprise d'un peu de poids progressivement (26, 27, 28, ok).
EU
RE
KA
Mais cette frousse!
J'ai appris à marcher en ne mettant pratiquement aucun poids sur mon pied gauche. Comme une ballerine.
Je suis devenu, une ballerine.
lundi 25 décembre 2017
Charlie Chaplin
Charles Spencer Chaplin est né en avril 1889 à Walworth, South London. Charlie a un demi-frère, Sidney, et en aura un troisième, aussitôt gardé par le père naturel et qu'il ne reverra pas avant 30 ans.
La pauvreté et la vie noire et dure sont la trame de sa jeunesse dans le quartier de Kennington. Papa ne travaille pas et maman ne fait que quelques heures comme infirmière auxiliaire. Chaplin a 2 ans quand papa quitte le foyer familial. Il sera envoyé avec son demi frère dans un centre traitant des enfants pauvres. Quand maman est internée, suite à un psychose dérivée d'une syphilis et de sévère malnutrition, les deux frères sont envoyés chez leur père qu'il ne connaisse pas du tout. Ils sont alors pré-adolescents. Le père, sévère alcoolique, qui a des visites de la National Society for the Prevention of Cruelty to Children, décède à 38 ans, 2 ans après l'arrivée des deux garçons, d'une cirrhose bien entendu.
Charlie & Sid, sans père, ni mère et n'ayant pas encore 18 ans ni l'un, ni l'autre, se débrouillent tant bien que mal. Sid est dans la Navy et Charlie fait du théâtre régulièrement à partir de 1903. Charlie a 14 ans. Il a du succès, entre autre, avec un rôle dans la pièce Sherlock Holmes qui le traîne en tournée jusqu'à ses 17 ans. Depuis ses 13 ans, il ne va plus à l'école. Il joint un cirque pour juvéniles et bientôt son numéro burlesque devient fort populaire. À 18 ans, il est un accompli acteur comique, mais ses essais en solo sont un désastre et il peine à trouver du travail.
Sid, en revanche, travaille pour la compagnie de comédie de Fred Karno et est même un de ses éléments importants. C'est lui qui importe son petit frère dans la compagnie et Charlie s'y illustre fort bien. Les tournées se prolongent sur 21 mois et Stan Laurel fait un bout de temps partie de l'équipe.
Après avoir vu ses numéros, la New York Motion Company l'engage afin de remplacer un star des Keystone Studios qui s'apprête à quitter. Il gagnera 150$ par semaine. Il a 24 ans. Mack Sennett le trouve frèle, pâle, et peu en santé. Il prendra 6 mois avant de vraiment l'utiliser, Il détestera son premier film, mais trouve le costume qui fera son succès pour toujours tout de suite après. Et les critiques sont très bonnes à son égard. Le tempérament du vagabond est encore plus surligné dans son film suivant. Les suggestions que fait Chaplin pour son personnage sont rejetées et ceci frustre CC. À son onzième tournage, il se brouille avec le réalisateur et on parle de résilier son contrat. C'est Sennett qui refuse et qui choisit de la garder quand même. Il lui promet que Chaplin pourra tourner le prochain film et le paiera quand même 1500$, même si le film n'est pas un succès. Ce le sera.
À partir de maintenant, Chaplin scénarise, joue, tourne et monte toute les scènes de ses films, au rythme d'au moins 1 par semaine. Son style plait beaucoup et il se forme de très nombreux fans. Il obtient un rôle dans un film très populaire de Mack Sennett ce qui le rend encore plus populaire. Chaplin demandera 1000$ par semaine, ce que Sennett lui refuse.
Chaplin se tourne alors vers la Essanay Film Manufacturing Company de Chicago qui lui offre 1250$ par semaine, contrôle complet de ses films et 10 000$ de boni de signature. Chaplin se forme une équipe de réguliers comédiens, dont Edna Purviance, choisie simplement parce qu'elle est jolie et que Charlie partage rapidement sa vie au lit. Elle jouera dans 35 de ses films en 8 ans. Charlie s'applique davantage sur chaque film et a maintenant un rythme de 1 film par mois. D'abord cruel, violent méchant et brutal, son personnage se raffine et devient plus docile, gentil, romantique et naïf. The Tramp établit le personnage pour de bon. Chaplin se permet même des fins plus dramatiques. Les critiques commencent à le trouver fort intéressant. Il commence à devenir un phénomène culturel important.
Mutual le signe à 670 000$ par année ce qui en ferait l'un des artistes les mieux payés au monde. À 26 ans. Il y tournera d'importants films avec deux comédiens qui y sont aussi pour beaucoup: Eric Campbell et Albert Austin. Le film The Pawnshop mettra en vedette Henry Bergman qui travaillera avec CC pour les 30 années suivantes. Charlie prend plus de temps et se raffine. Il ne fera que 4 nouveaux films sur les 10 mois suivants, mais plusieurs s'entendent pour dire que c'est ce qu'il a fait de mieux. Sid est maintenant son gérant personnel et Charlie épouse l'actrice (de 17 ans) Mildred Harris quand ils croient qu'elle est enceinte. C'était faux, mais ils auront tout de même un premier enfant quelques années plus tard, qui ne survivra que 3 jours. Le mariage ne survivra pas non plus et se terminera dans l'acrimonie.
En janvier 1918, le génie comique de Chaplin est reconnu. Et il fait construire son propre studio. A Dog's Life sera son premier projet tiré du studio. Charlie partira en tournée afin de supporter les troupes alliées à la fin de Première Grande Guerre. Ses deux oeuvres suivantes y feront référence.
Toujours à le recherche de plus de liberté créative, il se joint à l'acteur Douglas Fairbanks, son épouse l'actrice Mary Pickford et le réalisateur D.W.Griffith dans la création de United Artists Distribution Company. Cette association de très grandes stars révolutionne la manière de procéder en cinéma en 1919. Sunnyside sera un tournage difficile puisqu'en privé, CC est étouffée par sa vie d'homme marié à Mildred Harris et doit vivre le deuil de son fils. Chaplin veut faire une différence avec ses films, pas simplement faire rire. Il commence à tourner The Kid en 1919, mais ce sera long. Il veut faire les choses bien et différemment. Il lance un autre film entretemps. Quand The Kid sera lancé, en 1921, ce sera le plus long film de CC jusqu'à maintenant. Et un gros succès. Trois ans plus tard, 50 pays diffusent The Kid.
CC passera 5 mois sur son film suivant. Puis retourne en Angleterre pour le film d'après. Des problèmes entre la distribution et le studio retarderont d'un an la sortie du film suivant.
CC travaillera avec un producteur indépendant pour son film suivant. Il n'apparaîtra que brièvement en caméo, et le film est d'abord fait afin de mettre en valeur Edna Pruviance. Mais le film, tout en subtilité et innovation visuelle n'était pas attendu du public et sera un rare échec. CC retire le film du marché, blessé.
Inspiré par une photo de la ruée vers l'or et plus tard par l'expédition Donner, il revient à la comédie et combine humour et noirceur avec énormément de succès. Le film générera pour lui 5 millions (en 1925!). Depuis 1 ans, CC est marié à Lita Grey, qui jouait dans The Kid, The Idle Class et qui avait commencé dans The Gold Rush avant d'apprendre qu'elle était enceinte de CC. Elle avait 16 ans...Charlie 35...
Tout ça est gardé secret, ils sont mariés discrètement au Mexique et Charlie Jr naît en secret, suivi d'un second fils, Sidney Earl, 10 mois plus tard. Leur divorce sera houleux, Grey exposera les étranges exigences sexuelles de CC, on mentira sur son âge afin d'éviter un procès criminel et CC versera 600 000$ pour la faire taire. Le tournage de son film suivant sera lourdement affecté par ce scandale public et jamais Chaplin n'aimera parler de ce film puisqu'associé à une période horrible de sa vie.
Le cinéma parlant existe maintenant et Chaplin reste cynique par rapport à la technologie. Il trouve qu'elle ampute le côté humain et physique des films muets qui ont fait son succès. Il craint aussi que la voix du clochard qui l'a rendu célèbre déçoive l'imagination de ses fans. Déjà qu'ils viennent d'être exposés à un scandale de leur idole... Le film suivant sera muet, lancé en 1930 et fera figure d'anachronisme. Un avantage que Chaplin trouve à l'avènement du son est qu'il compose lui-même sa propre musique pour ses films. Les gens restent surpris mais le film sera un succès tout de même. Puisque c'est Chaplin et qu'on l'aime comme ça. De plus, le personnage devient de plus en plus touchant.
Incertain de son futur, muet? ou parlant? Chaplin considère se retirer et partir vivre en Chine. Il fait la rencontre de Paulette Goddard (21 ans) et ils commencent une relation amoureuse. Charlie a 20 ans de plus. Ils voyagent beaucoup ensemble. Inquiet de voir la technologie remplacer l'homme un peu partout, CC décide d'en faire son prochain sujet. La satire de certains pans de la révolution industrielle sera un immense succès. Le film sera à moitié muet. Le vagabond ne parlera pas et le dialogue entre les autres personnages sera au strict minimum. Chaplin transite. Il adopte pour ce film des positions politiques et fait du réalisme social, ce qui plait énormément à tous. Il épouse Goddard en 1936. Leur carrière les amenant trop souvent ailleurs le couple ne survivra pas 6 ans, mais se séparera sans chicanes.
Inquiet de la montée nationaliste militaire Étatsunienne, mais mondiale aussi, CC fait de son prochain film un pamphlet très clair anti-guerre. On avait souvent comparé la vie pauvre passée et la fine moustache de Chaplin et Hitler. CC en tirera profit. The Great Dictator sera son plus long film. Les années 40 amènent Chaplin très souvent en cours. Une affaire avec Joan Barry, une aspirante actrice un peu obssessive, qui clame avoir son enfant ternisse son image. J.Edgard Hoover, la grosse pute du FBI, qui trouve que Chaplin devient trop politique, et "pas du bon bord", fait tout pour que les histoires salées sur son compte soient rendues publiques.
CC rencontre Oona O'Neill dont il est difficile de ne pas tomber sous le charme. Mais il a 53 ans et elle en a 17!!!! Il l'épouse pour ses 18 ans, et ils vivront ensemble la plus heureuses des unions amoureuses, avec 8 enfants sur 18 ans.
Le film suivant critiquera la capitalisme et le monde encourageant la tuerie de masse en guerre avec des armes de destruction massive. Inspiré d'un projet d'Orson Welles et de Henri Désiré Landru, le film sera hué en première. Le film est entièrement parlant et Chaplin y incarne pour la toute première fois pendant tout un film, autre chose que le clochard ou une variation du vagabond habituel. Ça ne passera pas du tout.
De plus en plus identifié aux communistes et à la débauche sexuelle, Chaplin n'est plus le goût du jour. Le F.B.I. veut aussi le coincer pour détournement de mineure ou pour n'importe quoi, c'est un rouge! Chaplin le nie, se qualifiant de "fabricant de paix" et d'anti-guerre sous toute ses formes.
Limelight sera plus romantique et Buster Keaton y fait une brillante présence. Mais Chaplin est devenu amoral pour les États-Unis et le 18 septembre 1952, il prend le bateau RMS Queen Elisabeth avec sa famille, à New York, pour quitter les États-Unis. En raison de sa vie privée, le film ne connait pas de succès en Amérique, mais ailleurs, oui.
On pardonne tout à Charlie.
De 1953 à 1977, la famille vit en Suisse. Oona renonce à sa citoyenneté étatsunienne et devient citoyenne britannique. Il passe le reste de sa vie à revisiter ses anciennes oeuvres et à y composer de la musique qu'il colle à ses anciennes créations. Il jouit de sa famille aussi.
En 1972, on le réinvite, l'espace d'un soir, pour un ultime hommage aux Oscars.
Il y a 50 ans, aujourd'hui, est mort le plus charmant des vagabonds.
À 88 ans.
Geraldine, l'ainée du couple Oona-Charlie, sera la plus connue des enfants Chaplin.
La pauvreté et la vie noire et dure sont la trame de sa jeunesse dans le quartier de Kennington. Papa ne travaille pas et maman ne fait que quelques heures comme infirmière auxiliaire. Chaplin a 2 ans quand papa quitte le foyer familial. Il sera envoyé avec son demi frère dans un centre traitant des enfants pauvres. Quand maman est internée, suite à un psychose dérivée d'une syphilis et de sévère malnutrition, les deux frères sont envoyés chez leur père qu'il ne connaisse pas du tout. Ils sont alors pré-adolescents. Le père, sévère alcoolique, qui a des visites de la National Society for the Prevention of Cruelty to Children, décède à 38 ans, 2 ans après l'arrivée des deux garçons, d'une cirrhose bien entendu.
Charlie & Sid, sans père, ni mère et n'ayant pas encore 18 ans ni l'un, ni l'autre, se débrouillent tant bien que mal. Sid est dans la Navy et Charlie fait du théâtre régulièrement à partir de 1903. Charlie a 14 ans. Il a du succès, entre autre, avec un rôle dans la pièce Sherlock Holmes qui le traîne en tournée jusqu'à ses 17 ans. Depuis ses 13 ans, il ne va plus à l'école. Il joint un cirque pour juvéniles et bientôt son numéro burlesque devient fort populaire. À 18 ans, il est un accompli acteur comique, mais ses essais en solo sont un désastre et il peine à trouver du travail.
Sid, en revanche, travaille pour la compagnie de comédie de Fred Karno et est même un de ses éléments importants. C'est lui qui importe son petit frère dans la compagnie et Charlie s'y illustre fort bien. Les tournées se prolongent sur 21 mois et Stan Laurel fait un bout de temps partie de l'équipe.
CC assis sur la droite |
Après avoir vu ses numéros, la New York Motion Company l'engage afin de remplacer un star des Keystone Studios qui s'apprête à quitter. Il gagnera 150$ par semaine. Il a 24 ans. Mack Sennett le trouve frèle, pâle, et peu en santé. Il prendra 6 mois avant de vraiment l'utiliser, Il détestera son premier film, mais trouve le costume qui fera son succès pour toujours tout de suite après. Et les critiques sont très bonnes à son égard. Le tempérament du vagabond est encore plus surligné dans son film suivant. Les suggestions que fait Chaplin pour son personnage sont rejetées et ceci frustre CC. À son onzième tournage, il se brouille avec le réalisateur et on parle de résilier son contrat. C'est Sennett qui refuse et qui choisit de la garder quand même. Il lui promet que Chaplin pourra tourner le prochain film et le paiera quand même 1500$, même si le film n'est pas un succès. Ce le sera.
À partir de maintenant, Chaplin scénarise, joue, tourne et monte toute les scènes de ses films, au rythme d'au moins 1 par semaine. Son style plait beaucoup et il se forme de très nombreux fans. Il obtient un rôle dans un film très populaire de Mack Sennett ce qui le rend encore plus populaire. Chaplin demandera 1000$ par semaine, ce que Sennett lui refuse.
Chaplin se tourne alors vers la Essanay Film Manufacturing Company de Chicago qui lui offre 1250$ par semaine, contrôle complet de ses films et 10 000$ de boni de signature. Chaplin se forme une équipe de réguliers comédiens, dont Edna Purviance, choisie simplement parce qu'elle est jolie et que Charlie partage rapidement sa vie au lit. Elle jouera dans 35 de ses films en 8 ans. Charlie s'applique davantage sur chaque film et a maintenant un rythme de 1 film par mois. D'abord cruel, violent méchant et brutal, son personnage se raffine et devient plus docile, gentil, romantique et naïf. The Tramp établit le personnage pour de bon. Chaplin se permet même des fins plus dramatiques. Les critiques commencent à le trouver fort intéressant. Il commence à devenir un phénomène culturel important.
Mutual le signe à 670 000$ par année ce qui en ferait l'un des artistes les mieux payés au monde. À 26 ans. Il y tournera d'importants films avec deux comédiens qui y sont aussi pour beaucoup: Eric Campbell et Albert Austin. Le film The Pawnshop mettra en vedette Henry Bergman qui travaillera avec CC pour les 30 années suivantes. Charlie prend plus de temps et se raffine. Il ne fera que 4 nouveaux films sur les 10 mois suivants, mais plusieurs s'entendent pour dire que c'est ce qu'il a fait de mieux. Sid est maintenant son gérant personnel et Charlie épouse l'actrice (de 17 ans) Mildred Harris quand ils croient qu'elle est enceinte. C'était faux, mais ils auront tout de même un premier enfant quelques années plus tard, qui ne survivra que 3 jours. Le mariage ne survivra pas non plus et se terminera dans l'acrimonie.
En janvier 1918, le génie comique de Chaplin est reconnu. Et il fait construire son propre studio. A Dog's Life sera son premier projet tiré du studio. Charlie partira en tournée afin de supporter les troupes alliées à la fin de Première Grande Guerre. Ses deux oeuvres suivantes y feront référence.
Toujours à le recherche de plus de liberté créative, il se joint à l'acteur Douglas Fairbanks, son épouse l'actrice Mary Pickford et le réalisateur D.W.Griffith dans la création de United Artists Distribution Company. Cette association de très grandes stars révolutionne la manière de procéder en cinéma en 1919. Sunnyside sera un tournage difficile puisqu'en privé, CC est étouffée par sa vie d'homme marié à Mildred Harris et doit vivre le deuil de son fils. Chaplin veut faire une différence avec ses films, pas simplement faire rire. Il commence à tourner The Kid en 1919, mais ce sera long. Il veut faire les choses bien et différemment. Il lance un autre film entretemps. Quand The Kid sera lancé, en 1921, ce sera le plus long film de CC jusqu'à maintenant. Et un gros succès. Trois ans plus tard, 50 pays diffusent The Kid.
CC passera 5 mois sur son film suivant. Puis retourne en Angleterre pour le film d'après. Des problèmes entre la distribution et le studio retarderont d'un an la sortie du film suivant.
CC travaillera avec un producteur indépendant pour son film suivant. Il n'apparaîtra que brièvement en caméo, et le film est d'abord fait afin de mettre en valeur Edna Pruviance. Mais le film, tout en subtilité et innovation visuelle n'était pas attendu du public et sera un rare échec. CC retire le film du marché, blessé.
Inspiré par une photo de la ruée vers l'or et plus tard par l'expédition Donner, il revient à la comédie et combine humour et noirceur avec énormément de succès. Le film générera pour lui 5 millions (en 1925!). Depuis 1 ans, CC est marié à Lita Grey, qui jouait dans The Kid, The Idle Class et qui avait commencé dans The Gold Rush avant d'apprendre qu'elle était enceinte de CC. Elle avait 16 ans...Charlie 35...
Tout ça est gardé secret, ils sont mariés discrètement au Mexique et Charlie Jr naît en secret, suivi d'un second fils, Sidney Earl, 10 mois plus tard. Leur divorce sera houleux, Grey exposera les étranges exigences sexuelles de CC, on mentira sur son âge afin d'éviter un procès criminel et CC versera 600 000$ pour la faire taire. Le tournage de son film suivant sera lourdement affecté par ce scandale public et jamais Chaplin n'aimera parler de ce film puisqu'associé à une période horrible de sa vie.
Le cinéma parlant existe maintenant et Chaplin reste cynique par rapport à la technologie. Il trouve qu'elle ampute le côté humain et physique des films muets qui ont fait son succès. Il craint aussi que la voix du clochard qui l'a rendu célèbre déçoive l'imagination de ses fans. Déjà qu'ils viennent d'être exposés à un scandale de leur idole... Le film suivant sera muet, lancé en 1930 et fera figure d'anachronisme. Un avantage que Chaplin trouve à l'avènement du son est qu'il compose lui-même sa propre musique pour ses films. Les gens restent surpris mais le film sera un succès tout de même. Puisque c'est Chaplin et qu'on l'aime comme ça. De plus, le personnage devient de plus en plus touchant.
Incertain de son futur, muet? ou parlant? Chaplin considère se retirer et partir vivre en Chine. Il fait la rencontre de Paulette Goddard (21 ans) et ils commencent une relation amoureuse. Charlie a 20 ans de plus. Ils voyagent beaucoup ensemble. Inquiet de voir la technologie remplacer l'homme un peu partout, CC décide d'en faire son prochain sujet. La satire de certains pans de la révolution industrielle sera un immense succès. Le film sera à moitié muet. Le vagabond ne parlera pas et le dialogue entre les autres personnages sera au strict minimum. Chaplin transite. Il adopte pour ce film des positions politiques et fait du réalisme social, ce qui plait énormément à tous. Il épouse Goddard en 1936. Leur carrière les amenant trop souvent ailleurs le couple ne survivra pas 6 ans, mais se séparera sans chicanes.
Inquiet de la montée nationaliste militaire Étatsunienne, mais mondiale aussi, CC fait de son prochain film un pamphlet très clair anti-guerre. On avait souvent comparé la vie pauvre passée et la fine moustache de Chaplin et Hitler. CC en tirera profit. The Great Dictator sera son plus long film. Les années 40 amènent Chaplin très souvent en cours. Une affaire avec Joan Barry, une aspirante actrice un peu obssessive, qui clame avoir son enfant ternisse son image. J.Edgard Hoover, la grosse pute du FBI, qui trouve que Chaplin devient trop politique, et "pas du bon bord", fait tout pour que les histoires salées sur son compte soient rendues publiques.
CC rencontre Oona O'Neill dont il est difficile de ne pas tomber sous le charme. Mais il a 53 ans et elle en a 17!!!! Il l'épouse pour ses 18 ans, et ils vivront ensemble la plus heureuses des unions amoureuses, avec 8 enfants sur 18 ans.
Le film suivant critiquera la capitalisme et le monde encourageant la tuerie de masse en guerre avec des armes de destruction massive. Inspiré d'un projet d'Orson Welles et de Henri Désiré Landru, le film sera hué en première. Le film est entièrement parlant et Chaplin y incarne pour la toute première fois pendant tout un film, autre chose que le clochard ou une variation du vagabond habituel. Ça ne passera pas du tout.
De plus en plus identifié aux communistes et à la débauche sexuelle, Chaplin n'est plus le goût du jour. Le F.B.I. veut aussi le coincer pour détournement de mineure ou pour n'importe quoi, c'est un rouge! Chaplin le nie, se qualifiant de "fabricant de paix" et d'anti-guerre sous toute ses formes.
Limelight sera plus romantique et Buster Keaton y fait une brillante présence. Mais Chaplin est devenu amoral pour les États-Unis et le 18 septembre 1952, il prend le bateau RMS Queen Elisabeth avec sa famille, à New York, pour quitter les États-Unis. En raison de sa vie privée, le film ne connait pas de succès en Amérique, mais ailleurs, oui.
On pardonne tout à Charlie.
De 1953 à 1977, la famille vit en Suisse. Oona renonce à sa citoyenneté étatsunienne et devient citoyenne britannique. Il passe le reste de sa vie à revisiter ses anciennes oeuvres et à y composer de la musique qu'il colle à ses anciennes créations. Il jouit de sa famille aussi.
En 1972, on le réinvite, l'espace d'un soir, pour un ultime hommage aux Oscars.
Il y a 50 ans, aujourd'hui, est mort le plus charmant des vagabonds.
À 88 ans.
Geraldine, l'ainée du couple Oona-Charlie, sera la plus connue des enfants Chaplin.