Je vous ai refait le coup de juillet 2012.
Ceux qui ont du flair, qui ont été réguliers sur ce site et qui connaissent un brin mes penchants musicaux noteront une certaine parenté dans tous les titres du mois...
Aaaahh...ces pierres qui roulent toujours...
Cette fois le défi était plus grand encore. La première fois je m'étais mis en tête de brancher des mots de Gainsbourg, ou bien du texte, ou bien le titre de l'un de ses morceaux. C'était pas nécessairement toujours facile de garder la pertinence quand je parlais de sujets d'actualité, mais au moins c'était en français. Et en l'écoutant pendant un mois, je pouvais facilement accrocher ici et là sur de la pertinence.
Cette fois, je choisissais un band de Londres en me fixant plusieurs handicaps.
Le premier: un seul titre par album, quand ce n'est pas carrément le titre de l'album. Ceci m'a empêché de titrer quelques uns de mes morceaux préférés du band.
Deuxième: Nécessairement une traduction. Bien souvent très liiiibre traduction.
Troisième handicap, le même qu'en juillet 2012: il fallait ne pas compter sur les morts soudaines d'un Muhammed Ali ou d'un Marcel Dubé dont j'aurais voulu vous jaser.
Quatrième: je restais dans les titres et non dans le texte des chansons, il fallait à la fois parfois chercher longtemps et en même temps ne pas vous titrer "Jacques qui saute en flashant" ou encore "(Je n'obtiens pas de) Satisfaction" qui aurait révélé assez rapidement le pot-aux roses. (Déjà qu'À La Demande de ses Majestés Sataniques et La Fille Honky Tonk...).
Finalement, fallait aussi rester pertinent.
Je crois humblement avoir réussi.
Mais encore une fois je serai heureux en juillet de reprendre les commandes de mes titres.
Je dois bien être le seul au monde à citer Jessie J Featuring B.O.B. pour parler des Stones...
Les énigmes résolues se trouvent ici:
(1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30)
Je vous ai aussi caché quelques mots du vocabulaire Stones DANS certains textes. Faudra les relire (et connaître les Stones!) pour les trouver.
J'avais en plus un mois de juin phénoménalement compliqué. Content de le laisser derrière.
Get Off of My Cloud!
Charlie, Keef, Mick, parfois Woody, parfois Jonesy, très très souvent Bill & Ian, quelques fois Taylor, un peu Darryl (un autre Jones!), sur une période de 52 ans, ont publié 24 albums studios, 9 albums en spectacle, 32 compilations, ont généré plus de 400 millions de revenus en vente d'albums, encore plus en tournée, et auront été de fameux ambassadeurs du blues rock, du rock'n roll, du rock psychédélique, du rhytm'n' blues, du blues, du country, du soul, du disco rock et de la pop rock.
C'est con, bien que je puisse tout à fait comprendre qu'ils soient ancestraux et plus ou moins passé date, moi, ils me sortent encore du marasme sonore de temps à autre.
Et à en juger par le succès de leurs tournées (incluant l'actuelle en cours), je comprend que je ne suis pas le seul.
Ils sont aussi un modèle d'affaires assez extraordinaire.
Le triumvirat Jagger/Watts/Richards est pratiquement unique en terme de longévité artistique et de survie malgré les intempéries.
Merci la vie pour les Rolling Stones.
Le groupe de Brian & Ian, devenu celui de Mick & Keef.
Devenu aussi le nôtre.
We love you
lundi 30 juin 2014
dimanche 29 juin 2014
Une Affaire à Bruxelles
(à S.T.)
J'étais en voiture et je voyais cette femme, belle, digne, orgueilleuse qui attendait sur le trottoir près de l'école primaire de ma fille.
J'ai ensuite vu un enfant de maternelle foncer dans les bras ouverts de la dame.
J'ai trouvé ça beau.
Puis...j'ai vu un homme sortir d'une voiture stationnée et venir porter un sac à dos à l'enfant. L'enfant n'arrivait pas de l'école pour se rendre à sa mère, il arrivait de la voiture de son père. Ce dernier a remis le sac à dos sans dire un mot à la femme qui tenait l'enfant dans ses bras et il a retourné les talons pour ramener sa tête aux lunettes fumées dans las voiture. Là où l'attendais une pulpeuse brune.
J'ai trouvé ça laid.
L'ombre des années 80 pour moi, c'était ça: les séparations de couple avec enfants. Je ne l'ai jamais vécu de l'intérieur, et peut-être que je ne trouverais pas ça si grave, je ne tiens pas à l'expérimenter, mais jamais je n'ai vraiment surmonté cet échec public rendu "acceptable".
En allant voter en avril dernier, une femme croisait un homme à la sortie du bureau de vote.
"Eille salut! t'es...? t'es revenu dans le secteur?"
"Ben oui, j'ai redéménagé dans le coin..." a dit l'homme rougissant un brin.
"Ça veut dire...ooooh! ça veut dire que vous vous êtes ENCORE...séparés..." a dit la femme sans tact aucun.
Si personne n'accordait d'importance à leur conversation, là tout le monde a levé la tête vers le multirécidiviste de l'échec amoureux. Il était maintenant rouge et ne pouvait se sauver car il était prisonnier de la ligne du bureau de vote 31.
Pour la femme, il n'a jamais semblé anormal de ne pas dire "ça n'a pas marché, dommage" ou encore d'être plus subtile dans son étalage involontaire de la vie privée de l'autre (ça devait être une obsédée de Facebook).
"Faut que je te laisse, faut que j'aille chercher mon fils chez son père" a-t-elle terminé, nous en disant soudainement autant sur sa vie privée.
Ça m'a fait penser à Suzon, une amie de Belgique.
Son aventure avec un homme marié aura duré 25 ans. Mère d'une enfant de 10 ans, son amoureux, père de ce même enfant l'avait divorcé en 1988 sans même lui verser la pension qu'il devait en théorie lui verser, ne serais-ce que pour l'enfant qu'il lui laissait dans les bras. Vivant un deuil que Suzon n'avait pas connu depuis la mort de sa mère alors qu'elle était pré-ado, désorientée, elle était tombé sous le charme de son avocat qui semblait tant savoir ce qu'il faisait. "Comment vais-je m'en sortir? Pourrais-je m'en sortir?". L'avocat ne cessait de la rassurer et de lui dire qu'il se chargerait de tout arranger.
Ce qu'il fît.
Sachant très bien qu'il était inaccessible, marié avec deux grandes filles, elle lui avait tout de même tendu un piège en le forçant à venir chez elle. "Comment peut-tu prétendre que tu peux nous aider, tu ne sais même pas dans quoi nous vivons?"
Cheap, n'est-ce pas? Une fois à la maison, tomba le pantalon.
Et pendant 25 ans comme ça, ils se sont vus en cachette. Suzon en cachette de sa fille, l'avocat en cachette de sa famille. La femme de l'avocat suspecta quelque chose une seule fois en 25 ans, et le hasard voulu que l'accusation d'infidélité survenue suite à une rare chicane entre Suzon et son amant. Il avoua à sa femme (sans mentir) qu'effectivement il avait eu une liaison mais que c'était maintenant terminé.
Il omit toutefois de souligner que trois jours plus tard, le calumet de la paix avait été fumé. Et que les cuisses de Suzon brûlaient de passion en jouant de son saucisson.
Les amis (nous) de Suzon, lui disaient qu'elle ne pouvait pas continuer à vivre comme ça, attendant perpétuellement que sa fille sortent avec des amis pour introduire l'amant en cachette. Qu'il était très facile d'aimer celui que l'on voit peu souvent, avec lequel on ne vit rien de plate comme les obligations ménagères, le train-train quotidien, les paiements d'hypothèques, les RÉER, le lavage de l'un, les traineries de l'autre, la litière de l'un, les poissons et le filtreur à changer de l'autre et autres platitudes de banlieues; qu'avoir un simple objet de désir était un beau fantasme, mais qu'à long terme, ça ne pourrait que faire plus mal à tout le monde. Elle ne pouvait pas être "l'autre femme" toute sa vie.
Mais, avec raison, elle n'en avait rien à foutre de notre morale à 5 sous. Elle tenait à avoir 17 ans, et ce, pendant 25 ans. Elle avait TOUJOURS été l'autre femme. Ado, elle avait été "expulsée" de la maison quand la nouvelle amoureuse de son père avait fait une crise de jalousie. Nous revenions tous de l'école secondaire et elle, allait à l'hôtel. Pendant ce temps, son père, qui passait tout de même plusieurs fois par semaine à l'hôtel, réinventait sa vie avec sa nouvelle amoureuse et le grand frère de Suzon. Faisant d'elle la seule victime d'une situation qu'elle n'avait pas choisie.
Avec cette relation, elle recréait ce qu'elle avait en quelque sorte connu.
Et en Belgique, ce type de chose n'était pas complètement irrégulier.
Bien entendu l'avocat, avec des filles maintenant mariées et qui avaient fait de lui un grand-père plusieurs fois, avait beaucoup moins de temps pour Suzon.
Jusqu'au jour où, 25 ans plus tard, sa femme est tombée gravement malade et que la morale lui est rentrée dans le pantalon. Il devait se dévouer à elle pour toujours.
Et il a laissé tombé Suzon.
Qui ne s'en ai jamais remis puisque la malade ne veut pas mourir.
Qui a tout avoué à sa fille et qui se l'est aliénée du même coup quand celle-ci a appris, humiliée, qu'elle avait été gardée à l'écart de ce comportement d'ado comme une gourde.
Personne n'a beaucoup de nouvelles de Suzon depuis.
Dommage,
On a tellement eu de fun dans sa chambre d'hôtel dans les années 80...
Déréglant sa vie de passion pour le bon vin, la bonne chère, les hommes faciles et sans esprit, grisés de conquête attendant leur adulatrice pour toujours.
J'étais en voiture et je voyais cette femme, belle, digne, orgueilleuse qui attendait sur le trottoir près de l'école primaire de ma fille.
J'ai ensuite vu un enfant de maternelle foncer dans les bras ouverts de la dame.
J'ai trouvé ça beau.
Puis...j'ai vu un homme sortir d'une voiture stationnée et venir porter un sac à dos à l'enfant. L'enfant n'arrivait pas de l'école pour se rendre à sa mère, il arrivait de la voiture de son père. Ce dernier a remis le sac à dos sans dire un mot à la femme qui tenait l'enfant dans ses bras et il a retourné les talons pour ramener sa tête aux lunettes fumées dans las voiture. Là où l'attendais une pulpeuse brune.
J'ai trouvé ça laid.
L'ombre des années 80 pour moi, c'était ça: les séparations de couple avec enfants. Je ne l'ai jamais vécu de l'intérieur, et peut-être que je ne trouverais pas ça si grave, je ne tiens pas à l'expérimenter, mais jamais je n'ai vraiment surmonté cet échec public rendu "acceptable".
En allant voter en avril dernier, une femme croisait un homme à la sortie du bureau de vote.
"Eille salut! t'es...? t'es revenu dans le secteur?"
"Ben oui, j'ai redéménagé dans le coin..." a dit l'homme rougissant un brin.
"Ça veut dire...ooooh! ça veut dire que vous vous êtes ENCORE...séparés..." a dit la femme sans tact aucun.
Si personne n'accordait d'importance à leur conversation, là tout le monde a levé la tête vers le multirécidiviste de l'échec amoureux. Il était maintenant rouge et ne pouvait se sauver car il était prisonnier de la ligne du bureau de vote 31.
Pour la femme, il n'a jamais semblé anormal de ne pas dire "ça n'a pas marché, dommage" ou encore d'être plus subtile dans son étalage involontaire de la vie privée de l'autre (ça devait être une obsédée de Facebook).
"Faut que je te laisse, faut que j'aille chercher mon fils chez son père" a-t-elle terminé, nous en disant soudainement autant sur sa vie privée.
Ça m'a fait penser à Suzon, une amie de Belgique.
Son aventure avec un homme marié aura duré 25 ans. Mère d'une enfant de 10 ans, son amoureux, père de ce même enfant l'avait divorcé en 1988 sans même lui verser la pension qu'il devait en théorie lui verser, ne serais-ce que pour l'enfant qu'il lui laissait dans les bras. Vivant un deuil que Suzon n'avait pas connu depuis la mort de sa mère alors qu'elle était pré-ado, désorientée, elle était tombé sous le charme de son avocat qui semblait tant savoir ce qu'il faisait. "Comment vais-je m'en sortir? Pourrais-je m'en sortir?". L'avocat ne cessait de la rassurer et de lui dire qu'il se chargerait de tout arranger.
Ce qu'il fît.
Sachant très bien qu'il était inaccessible, marié avec deux grandes filles, elle lui avait tout de même tendu un piège en le forçant à venir chez elle. "Comment peut-tu prétendre que tu peux nous aider, tu ne sais même pas dans quoi nous vivons?"
Cheap, n'est-ce pas? Une fois à la maison, tomba le pantalon.
Et pendant 25 ans comme ça, ils se sont vus en cachette. Suzon en cachette de sa fille, l'avocat en cachette de sa famille. La femme de l'avocat suspecta quelque chose une seule fois en 25 ans, et le hasard voulu que l'accusation d'infidélité survenue suite à une rare chicane entre Suzon et son amant. Il avoua à sa femme (sans mentir) qu'effectivement il avait eu une liaison mais que c'était maintenant terminé.
Il omit toutefois de souligner que trois jours plus tard, le calumet de la paix avait été fumé. Et que les cuisses de Suzon brûlaient de passion en jouant de son saucisson.
Les amis (nous) de Suzon, lui disaient qu'elle ne pouvait pas continuer à vivre comme ça, attendant perpétuellement que sa fille sortent avec des amis pour introduire l'amant en cachette. Qu'il était très facile d'aimer celui que l'on voit peu souvent, avec lequel on ne vit rien de plate comme les obligations ménagères, le train-train quotidien, les paiements d'hypothèques, les RÉER, le lavage de l'un, les traineries de l'autre, la litière de l'un, les poissons et le filtreur à changer de l'autre et autres platitudes de banlieues; qu'avoir un simple objet de désir était un beau fantasme, mais qu'à long terme, ça ne pourrait que faire plus mal à tout le monde. Elle ne pouvait pas être "l'autre femme" toute sa vie.
Mais, avec raison, elle n'en avait rien à foutre de notre morale à 5 sous. Elle tenait à avoir 17 ans, et ce, pendant 25 ans. Elle avait TOUJOURS été l'autre femme. Ado, elle avait été "expulsée" de la maison quand la nouvelle amoureuse de son père avait fait une crise de jalousie. Nous revenions tous de l'école secondaire et elle, allait à l'hôtel. Pendant ce temps, son père, qui passait tout de même plusieurs fois par semaine à l'hôtel, réinventait sa vie avec sa nouvelle amoureuse et le grand frère de Suzon. Faisant d'elle la seule victime d'une situation qu'elle n'avait pas choisie.
Avec cette relation, elle recréait ce qu'elle avait en quelque sorte connu.
Et en Belgique, ce type de chose n'était pas complètement irrégulier.
Bien entendu l'avocat, avec des filles maintenant mariées et qui avaient fait de lui un grand-père plusieurs fois, avait beaucoup moins de temps pour Suzon.
Jusqu'au jour où, 25 ans plus tard, sa femme est tombée gravement malade et que la morale lui est rentrée dans le pantalon. Il devait se dévouer à elle pour toujours.
Et il a laissé tombé Suzon.
Qui ne s'en ai jamais remis puisque la malade ne veut pas mourir.
Qui a tout avoué à sa fille et qui se l'est aliénée du même coup quand celle-ci a appris, humiliée, qu'elle avait été gardée à l'écart de ce comportement d'ado comme une gourde.
Personne n'a beaucoup de nouvelles de Suzon depuis.
Dommage,
On a tellement eu de fun dans sa chambre d'hôtel dans les années 80...
Déréglant sa vie de passion pour le bon vin, la bonne chère, les hommes faciles et sans esprit, grisés de conquête attendant leur adulatrice pour toujours.
samedi 28 juin 2014
Trop de Sang
Il y a de ces régions dans le monde où les ombres semblent perpétuelles.
Haïti, l'Irlande, la Tchétchénie, le territoire de l'Ex-Yougoslavie.
Retournons sur ce dernier territoire un instant. Cet instant de trop d'il y a 100 ans.
Depuis 1878, l'administration turque de Bosnie et d'Hérzégovine est gérée par le sultan de l'empire Austro-Hongrois. En 1903, un coup d'état ramène un pro-russe au pouvoir (les Russes étaient des alliés dans le conflit Serbe avec les Turcs) , mais surtout un pro-nationalisme Serbe. Mais 5 ans plus tard, l'empire Austro-Hongrois, fait fi de ce nouveau pouvoir et annexe quand même toutes les administrations sous sa gouverne, ce qui provoque de vives tension diplomatiques notamment de la part des Russes et des Serbes qui refusent et ne reconnaissent pas cette autorité morale. Les slaves de l'endroit réclament un état slave du Sud ((jugo slavija en serbo-croate) (Yougoslavia/Yougoslavie chez Shakespeare et Molière).
Fort imprudemment, et peut-être avec un brin de provocation, l'archiduc Austro-Hongrois Franz Ferdinand et sa femme, choisissent le jour de l'anniversaire de la Saint-Guy, une importante fête religieuse orthodoxe Serbe, pour effectuer une visite. Cette date est aussi, celle rappelant la défaite des Serbe en 1389 face aux Turcs, qui les annexait au royaume ottoman pour plus de 450 ans et qui venait ainsi les humilier ce jour-là avec la présence de l'archiduc et de l'archiduchesse.
L'ambassadeur de Serbie à Vienne avise que la tension est très grande face à cette visite jugée provocatrice et qu'un attentat est en préparation par le mouvement Jeune Bosnie. Les proches de l'archiduc lui déconseille aussi vivement cette visite audacieuse. Les troupes armées (40 000 hommes) avaient été retirées de Sarajevo, enlevant du coup, toute forme de protection envers le couple princier.
Les 7 conspirateurs n'avaient aucune expérience des armes. Mais ils souhaitaient tous une Jugo Slavija. Le premier conspirateur est situé dans la lucarne, une arme à la main. Il ne trouve pas un bon angle de tir lors du passage du couple en voiture, il choisit donc de ne pas tirer, afin de ne pas compromettre les chances des 6 autres. Le second, tire un bâton de dynamite, que l'archiduc retire derrière lui, le faisant exploser, et tuant policiers, passagers dans la voiture derrière et civils. Le second conspirateur avale une pilule de cyanure et se tire en bas du pont, mais la pilule est de mauvaise qualité et ne le tue pas. De plus, la rivière n'a pas plus de 10 centimètres de profondeur, il est vite rattrapé et arrêté. Plusieurs des conspirateurs prennent la fuite après le bruit de l'explosion, convaincu de la mort de Franz Ferdinand.
L'archiduc insiste pour rendre visite aux blessés avant d'aller dîner. Il se rend donc en voiture en direction de l'hôpital, donc, hors trajectoire étudié par son entourage. Il était 10h15 du matin lors de l'explosion, il est maintenant 11h00.
Gavrilo Princip, 19 ans, est un étudiant serbe de Bosnie-Hérzégovine. Il est aussi membre du mouvement de la Jeune Bosnie mais ne fait pas partie des 7 conspirateurs originaux. Quand la voiture passe tout près de la boutique où il s'achète un sandwich, l'occasion fait le larron. Princip est armé d'un fusil et tire une première fois atteignant l'archiduchesse à l'abdomen. La seconde balle, atteindra Franz Ferdinand dans le cou.
15 minutes plus tard, l'archiduc et l'archiduchesse sont décédés.
Gavrilo Princip a agi "pour venger toute les souffrances que l'Autriche fait endurer au peuple Serbe depuis toujours".
Comme il n'a pas 20 ans, il ne peut pas être condamné à mort. Il est donc envoyé en prison, dans des conditions épouvantables, dans une cellule sans toit qui lui font subir toutes les intempéries saisonnières, subissant aussi les mauvais traitement des gardiens, et où il mourra de tuberculose 4 ans plus tard à l'âge de 23 ans.
Mais son geste posé aujourd'hui il y a 100 ans, allait provoquer l'un des évènements des plus marquants du 20ème siècle, une guerre horrible que l'on appellera Grande et qui imposera des majuscules à l'expression Première Grande Guerre, entraînant du même coup plus de 9 millions d'âmes, militaires et civiles, impliquant la France, le Royaume-Uni, la Russie, le Canada, l'Irlande, l'Afrique, la Belgique, l'Allemagne, le Japon, l'Australie, l'Italie, la Roumanie, les États-Unis, le Royaume de Bulgarie et bien entendu l'Autriche-Hongrie et la Serbie.
Cette guerre atroce durera 4 ans.
Plus de 9 millions de morts, plus de 20 millions de blessés.
Trop de sang.
À partir d'aujourd'hui il y a 100 ans,
la terre tremble.
Haïti, l'Irlande, la Tchétchénie, le territoire de l'Ex-Yougoslavie.
Retournons sur ce dernier territoire un instant. Cet instant de trop d'il y a 100 ans.
Depuis 1878, l'administration turque de Bosnie et d'Hérzégovine est gérée par le sultan de l'empire Austro-Hongrois. En 1903, un coup d'état ramène un pro-russe au pouvoir (les Russes étaient des alliés dans le conflit Serbe avec les Turcs) , mais surtout un pro-nationalisme Serbe. Mais 5 ans plus tard, l'empire Austro-Hongrois, fait fi de ce nouveau pouvoir et annexe quand même toutes les administrations sous sa gouverne, ce qui provoque de vives tension diplomatiques notamment de la part des Russes et des Serbes qui refusent et ne reconnaissent pas cette autorité morale. Les slaves de l'endroit réclament un état slave du Sud ((jugo slavija en serbo-croate) (Yougoslavia/Yougoslavie chez Shakespeare et Molière).
Fort imprudemment, et peut-être avec un brin de provocation, l'archiduc Austro-Hongrois Franz Ferdinand et sa femme, choisissent le jour de l'anniversaire de la Saint-Guy, une importante fête religieuse orthodoxe Serbe, pour effectuer une visite. Cette date est aussi, celle rappelant la défaite des Serbe en 1389 face aux Turcs, qui les annexait au royaume ottoman pour plus de 450 ans et qui venait ainsi les humilier ce jour-là avec la présence de l'archiduc et de l'archiduchesse.
L'ambassadeur de Serbie à Vienne avise que la tension est très grande face à cette visite jugée provocatrice et qu'un attentat est en préparation par le mouvement Jeune Bosnie. Les proches de l'archiduc lui déconseille aussi vivement cette visite audacieuse. Les troupes armées (40 000 hommes) avaient été retirées de Sarajevo, enlevant du coup, toute forme de protection envers le couple princier.
Les 7 conspirateurs n'avaient aucune expérience des armes. Mais ils souhaitaient tous une Jugo Slavija. Le premier conspirateur est situé dans la lucarne, une arme à la main. Il ne trouve pas un bon angle de tir lors du passage du couple en voiture, il choisit donc de ne pas tirer, afin de ne pas compromettre les chances des 6 autres. Le second, tire un bâton de dynamite, que l'archiduc retire derrière lui, le faisant exploser, et tuant policiers, passagers dans la voiture derrière et civils. Le second conspirateur avale une pilule de cyanure et se tire en bas du pont, mais la pilule est de mauvaise qualité et ne le tue pas. De plus, la rivière n'a pas plus de 10 centimètres de profondeur, il est vite rattrapé et arrêté. Plusieurs des conspirateurs prennent la fuite après le bruit de l'explosion, convaincu de la mort de Franz Ferdinand.
L'archiduc insiste pour rendre visite aux blessés avant d'aller dîner. Il se rend donc en voiture en direction de l'hôpital, donc, hors trajectoire étudié par son entourage. Il était 10h15 du matin lors de l'explosion, il est maintenant 11h00.
Gavrilo Princip, 19 ans, est un étudiant serbe de Bosnie-Hérzégovine. Il est aussi membre du mouvement de la Jeune Bosnie mais ne fait pas partie des 7 conspirateurs originaux. Quand la voiture passe tout près de la boutique où il s'achète un sandwich, l'occasion fait le larron. Princip est armé d'un fusil et tire une première fois atteignant l'archiduchesse à l'abdomen. La seconde balle, atteindra Franz Ferdinand dans le cou.
15 minutes plus tard, l'archiduc et l'archiduchesse sont décédés.
Gavrilo Princip a agi "pour venger toute les souffrances que l'Autriche fait endurer au peuple Serbe depuis toujours".
Comme il n'a pas 20 ans, il ne peut pas être condamné à mort. Il est donc envoyé en prison, dans des conditions épouvantables, dans une cellule sans toit qui lui font subir toutes les intempéries saisonnières, subissant aussi les mauvais traitement des gardiens, et où il mourra de tuberculose 4 ans plus tard à l'âge de 23 ans.
Mais son geste posé aujourd'hui il y a 100 ans, allait provoquer l'un des évènements des plus marquants du 20ème siècle, une guerre horrible que l'on appellera Grande et qui imposera des majuscules à l'expression Première Grande Guerre, entraînant du même coup plus de 9 millions d'âmes, militaires et civiles, impliquant la France, le Royaume-Uni, la Russie, le Canada, l'Irlande, l'Afrique, la Belgique, l'Allemagne, le Japon, l'Australie, l'Italie, la Roumanie, les États-Unis, le Royaume de Bulgarie et bien entendu l'Autriche-Hongrie et la Serbie.
Cette guerre atroce durera 4 ans.
Plus de 9 millions de morts, plus de 20 millions de blessés.
Trop de sang.
À partir d'aujourd'hui il y a 100 ans,
la terre tremble.
vendredi 27 juin 2014
Dérives Continentales
1914:
La triple entente entre la France, l'Angleterre et la Russie inquiète l'Allemagne. Cette triple entente était l'addition de plusieurs accords entre les trois pays depuis 1892. L'Angleterre et la Russie délimitent leurs zones d'influence en Afghanistan, en Perse et au Tibet. Ceci enclenche une paranoïa allemande. Les Allemands et les Austro-Hongrois tendent la main à l'Italie qui se déclare non interventionniste. L'ascension d'un jeune Benito Mussolini, qui n'est pas le Primeri en Italie et qui veut lui au contraire s'allier à l'Allemagne et aux Austro-Hongrois, commence. L'Italie finira par s'engager auprès de la France, le Royaume-Uni et la Russie.
Les crises balkaniques provoquées par l'Autriche-Hongrie, puis celles provoquées en Afrique par l'Allemagne mèneront peu à peu au premier grand conflit mondial.
2014:
L'expansion de l'OTAN et l'expulsion de la Russie du G8, insécurisent Moscou.
1914:
L'Allemagne s'approprie l'Alsace et la Lorraine. Il les perde dès la fin de la guerre et seront sanctionnés mais les reprendront en 1940 lors du second grand conflit. Avant de les reperdre suite au traité de Versailles.
2014:
La Russie s'approprie la Crimée, la considérant Russe.
1914:
L'Allemagne et l'empire austro-hongrois se sentent humiliés internationalement, pas traités à leur juste valeur.
2014:
La Russie de Poutine est nostalgique de cette époque où l'U.R.S.S. terrorisait le monde, l'Amérique surtout. Elle bombe le torse, jugeant qu'on ne la craint pas assez.
1914:
Quand l'Autriche-Hongrie décide de châtier la Serbie pour avoir assassiné l'Archiduc Franz Ferdinand, ce sont des dirigeants de 60 ans qui regardent la réalité de l'époque avec des filtres vétustes de plus de 40 ans.
2014:
Quand les États-Unis, l'Europe, le Canada parlent de la Russie, ils utilisent un vocabulaire de la guerre froide, comme si il s'agissait encore de l'U.R.S.S. On plaque une formation intellectuelle d'il y a 40 ans sur les réalités d'aujourd'hui. Tel que déjà souligné, Poutine, dont le passage de Gorbatchev aura été la plus grande honte, est nostalgique de l'U.R.S.S. d'il y a 40 ans.
1914:
À tort ou à raison, l'Allemagne s'est sentie menacée.
2014:
À tort ou à raison, la Russie se sent menacée.
1914:
La guerre de 1914 débute avec une bande de terroristes Serbes qui étaient mués par le culte du sacrifice, de la mort et de le vengeance.
2011:
Quatre avions pilotés par des fanatiques religieux mués par le culte du sacrifice, de la mort et de la vengeance font des miliers de morts aux États-Unis.
1914:
Il y a 100 ans. Plus de 9 millions de morts se préparent dans l'insouciance.
2014:
...qui sait comment se termineront les négociations entre l'Ukraine et la Russie... Des soldats pro-russes ont abattu un hélicoptère contenant 9 ukrainiens, le tuant tous.
Kim Jong-Un, un peu plus au Nord-Ouest en Corée, a effectué des tests de missiles dans la mer du japon dans le même souffle qu'il annonçait aux États-Unis que leur film The Interview est une menace inacceptable pour son pays qui sera suivie de représailles.
Des missiles russes...
La triple entente entre la France, l'Angleterre et la Russie inquiète l'Allemagne. Cette triple entente était l'addition de plusieurs accords entre les trois pays depuis 1892. L'Angleterre et la Russie délimitent leurs zones d'influence en Afghanistan, en Perse et au Tibet. Ceci enclenche une paranoïa allemande. Les Allemands et les Austro-Hongrois tendent la main à l'Italie qui se déclare non interventionniste. L'ascension d'un jeune Benito Mussolini, qui n'est pas le Primeri en Italie et qui veut lui au contraire s'allier à l'Allemagne et aux Austro-Hongrois, commence. L'Italie finira par s'engager auprès de la France, le Royaume-Uni et la Russie.
Les crises balkaniques provoquées par l'Autriche-Hongrie, puis celles provoquées en Afrique par l'Allemagne mèneront peu à peu au premier grand conflit mondial.
2014:
L'expansion de l'OTAN et l'expulsion de la Russie du G8, insécurisent Moscou.
1914:
L'Allemagne s'approprie l'Alsace et la Lorraine. Il les perde dès la fin de la guerre et seront sanctionnés mais les reprendront en 1940 lors du second grand conflit. Avant de les reperdre suite au traité de Versailles.
2014:
La Russie s'approprie la Crimée, la considérant Russe.
1914:
L'Allemagne et l'empire austro-hongrois se sentent humiliés internationalement, pas traités à leur juste valeur.
2014:
La Russie de Poutine est nostalgique de cette époque où l'U.R.S.S. terrorisait le monde, l'Amérique surtout. Elle bombe le torse, jugeant qu'on ne la craint pas assez.
1914:
Quand l'Autriche-Hongrie décide de châtier la Serbie pour avoir assassiné l'Archiduc Franz Ferdinand, ce sont des dirigeants de 60 ans qui regardent la réalité de l'époque avec des filtres vétustes de plus de 40 ans.
2014:
Quand les États-Unis, l'Europe, le Canada parlent de la Russie, ils utilisent un vocabulaire de la guerre froide, comme si il s'agissait encore de l'U.R.S.S. On plaque une formation intellectuelle d'il y a 40 ans sur les réalités d'aujourd'hui. Tel que déjà souligné, Poutine, dont le passage de Gorbatchev aura été la plus grande honte, est nostalgique de l'U.R.S.S. d'il y a 40 ans.
1914:
À tort ou à raison, l'Allemagne s'est sentie menacée.
2014:
À tort ou à raison, la Russie se sent menacée.
1914:
La guerre de 1914 débute avec une bande de terroristes Serbes qui étaient mués par le culte du sacrifice, de la mort et de le vengeance.
2011:
Quatre avions pilotés par des fanatiques religieux mués par le culte du sacrifice, de la mort et de la vengeance font des miliers de morts aux États-Unis.
1914:
Il y a 100 ans. Plus de 9 millions de morts se préparent dans l'insouciance.
2014:
...qui sait comment se termineront les négociations entre l'Ukraine et la Russie... Des soldats pro-russes ont abattu un hélicoptère contenant 9 ukrainiens, le tuant tous.
Kim Jong-Un, un peu plus au Nord-Ouest en Corée, a effectué des tests de missiles dans la mer du japon dans le même souffle qu'il annonçait aux États-Unis que leur film The Interview est une menace inacceptable pour son pays qui sera suivie de représailles.
Des missiles russes...
jeudi 26 juin 2014
Déshabillée
(à C.T.)
"It seems like everybody's got a price, I wonder how they sleep at night"
-Simmons Jr, Corsnish, Gottwald, Kelly
Bianca est Colombienne. Elle est arrivée au Québec au début des années 90. C'est à ce moment qu'elle a rencontré cet animateur radio qui l'a marié presqu'aussitôt. Elle l'aimait bien, il la faisait rire, elle était confortable avec lui. Il gagnait bien sa vie et rapidement sa carrière publique à lui, la faisait aussi rêver, elle.
Excellente danseuse de samba et autres danses latines, il lui avait fait miroiter des occasions en brassant ses contacts. Elle avait bien réussi à danser une fois à la télévision au sein d'une troupe dans une émission de Radio-Canada où des personnalités connues venaient faire leur tour de piste avec une vraie danseuse professionnelle; mais l'expérience avait été de courte durée pour des raisons légales, la troupe étant tissée serrée, le budget de l'émission aussi, il avait fallu couper dès le second épisode et Bianca, trop nouvelle, avait été sacrifiée avec trois autres filles et deux garçons.
Depuis, elle avait bien fait de la figuration dans quelques publicités, elle chantait même dans une pub à la radio les mots "des dégâts d'eau" sur un air populaire depuis quelques mois, mais pour tout dire, elle gagnait bien peu d'argent. Son chum aussi d'ailleurs.
Celui-ci avait vu sa carrière pâlir dès le milieu des années 90, quand les animateurs de radio devaient soudainement aussi (surtout) être de belles têtes connues du public, peu importe la qualité de leurs voix ou de leurs interventions. Il avait été poliment tassé, peu à peu placé sur les lignes de côtés et c'est en publicité radio exclusivement qu'il gagnait maintenant sa vie. Grâce à un l'ami d'un ami d'un ami., il faisait la voix de pratiquement toute les annonces d'une compagnie de voiture de la Rive-Sud de Montréal. Des publicités atrocement simples où on lisait sur un ton monocorde des textes, comme tirés des années 50 où on se contente de vanter le produit et de parler de l'offre. Des publicités qui détonnaient tellement sur les ondes des radio FM par leur manque de rythme, d'humour et de créativité qu'on finissait par les remarquer plus que certaines autres. Et ça, ça suffisait pour ceux qui l'engageait. mais on pensait peut-être déjà le remplacer car de nouvelles versions, sans lui, et une ÉPOUVANTABLE pub-télé faisaient maintenant leur chemin dans les médias.
Bianca l'aimait toujours mais elle ne pouvait s'empêcher d'aussi le trouver incompétent. Lui qui lui avait fait miroiter de multiples chances de travailler dans le milieu artistique Québécois (il avait fait une peu de télé aussi), peinait maintenant à se trouver du boulot pour lui-même, alors elle...
Elle le trouvait incapable et se sentait elle, si capable...si capable de mieux.
Ce samedi-là, c'est elle qui s'était déniché du boulot. Elle le cacherait à son chum. Elle danserait dans un bar de Montréal dans le cadre d'une fête annoncée pour célébrer le Mundial de Soccer du Brésil. Elle porterait quelques costumes du Carnaval de Rio, des costumes qui dévoilent, plus qu'il ne cache. Elle serait avec deux autres danseuses, dont son amie Carla, qui lui avait refilé le contact. Toutefois, l'expérience serait pénible.
Seule danseuse, Carla déclarant forfait puisque tombée malade et l'autre ayant eu les jetons et ayant refusé de porté ce costume de presque nudité, Bianca allait se trémousser toute seule dans un bar hostile.
Hostile, parce que la soirée annonçait (à la radio aussi) des dancerS, avec un "S" et qu'elle était seule. Tendue parce que les deux groupes qui avaient animé musicalement la soirée, Crossfire Hurricane & The Toothless Bearded Hags, avaient principalement joué du rock alors que plusieurs s'attendaient à du brésilien. Agressive finalement puisque l'équipe de soccer favorite ce soir-là n'amenait pas les résultats souhaités.
"She's old & ugly" avait-elle entendue dans la mêlée. Mais elle ne s'était pas laissée démonter. Elle souriait et excitait les sens tel que sa mission l'exigeait. Elle se demandait bien ce que son chum aurait pensé de la voir ainsi déshabillée. Son père? qu'aurait pensé son père? "Que fais-tu au Canada ma fille?" "Je danse pour mon pays, papi" "Ah! c'est bien ça...tu n'as pas oublié la Colombie! Y a pas juste Shakira!
Oui justement.
Elle met la barre trop haute pour nous, colombiennes.
Shakira est si belle, si tout, qu'elle éclipse toutes les autres.
Bianca ne dansait même pas pour son pays.
Elle dansait pour le Brésil.
Qui noterait la différence dans cette foule de barbares?
Bianca sentait bien qu'on ne lui regardait pas les yeux, qu'on la regardait avec appétit toute habillée de peau. Elle sentait aussi cette tension étouffante, qu'à trois, aurait peut-être été dilué sur trois corps féminin, peut-être sur Carla, que Bianca jugeait plus belle qu'elle et qui aurait généré toute l'attention. Mais il semblait à Bianca que les ondes négatives de la soirée se concentraient dans les yeux noircis de tous les mâles sur place et que peu à peu, une colère sourde et toxique leur glissait du ventre au membre sexuel et qu'il aurait fallu bien peu pour que l'un d'eux ne lui empoigne une partie du corps ainsi exposé pour le brancher à sa membrane. La tension était palpable.L'attention aussi, sur sa petite personne.
Plus la soirée avançait et plus elle se sentait étouffer. Jamais ne s'était-elle senti aussi nue dans une marmite de testostérone. Les hommes venait lui parler de plus en plus près, lui "accrochait" des cuisses, la taille ("scuze-moi, je fais juste passer"), une fesse, un sein...Elle devait sourire, tout ce temps, être la viande autour des chacals. Un buffet qu'on ne consommerait pas.
L'organisateur de la soirée avait choisi de donner trois fois l'argent qu'elle aurait eu ce soir-là, soit le salaire des deux autres qui ne s'étaient pas pointées + le sien, "à condition qu'elle mette le paquet pour exciter la clientèle et la faire boire". À un certain moment, elle cru qu'elle serait forcée d'en embrasser un ou deux ou pire encore,, aller derrière le bar travailler à genoux tellement les hommes entraient dans sa bulle. Plusieurs hommes avaient pousser la vulgarité jusqu'à lui proposer d'aller "en arrière pour parler" ce qu'elle avait chaque fois sagement décliné, avec le sourire.
Elle avait dansé dans la foule du bar, sur des airs moins latins qu'érotiques. En tout cas dans les yeux des hommes qui la regardaient, et qui n'avaient même pas besoin de la déshabiller pour s'exciter mentalement, c'était déjà fait.
"I want her on my Willy" avait-elle entendue avec effroi.
"I want my money back!" avait-elle aussi entendu ailleurs d'un ton rageur.
Elle ne s'était jamais démontée. Avait gardé le sourire à danser. Déshabillée.
Elle avait été bien, très bien payée.
Elle ne voudrait toutefois jamais plus un contrat de la sorte.
Une fois à la maison, saine et sauve, elle s'était mise à trembler et avait pleuré.
Son chum l'avait serré très fort, l'avait écoutée, avait appris son tourment et sa soirée en général.
Il l'avait serré très très fort dans ses bras pour la rassurer.
En lui promettant de ne jamais plus la laisser accepter une telle offre, mais qu'il fallait le mettre au courant la prochaine fois, pas seulement dire "je sors avec Carla ce soir".
Là, seulement là, elle l'avait enfin trouvé compétent.
"It seems like everybody's got a price, I wonder how they sleep at night"
-Simmons Jr, Corsnish, Gottwald, Kelly
Bianca est Colombienne. Elle est arrivée au Québec au début des années 90. C'est à ce moment qu'elle a rencontré cet animateur radio qui l'a marié presqu'aussitôt. Elle l'aimait bien, il la faisait rire, elle était confortable avec lui. Il gagnait bien sa vie et rapidement sa carrière publique à lui, la faisait aussi rêver, elle.
Excellente danseuse de samba et autres danses latines, il lui avait fait miroiter des occasions en brassant ses contacts. Elle avait bien réussi à danser une fois à la télévision au sein d'une troupe dans une émission de Radio-Canada où des personnalités connues venaient faire leur tour de piste avec une vraie danseuse professionnelle; mais l'expérience avait été de courte durée pour des raisons légales, la troupe étant tissée serrée, le budget de l'émission aussi, il avait fallu couper dès le second épisode et Bianca, trop nouvelle, avait été sacrifiée avec trois autres filles et deux garçons.
Depuis, elle avait bien fait de la figuration dans quelques publicités, elle chantait même dans une pub à la radio les mots "des dégâts d'eau" sur un air populaire depuis quelques mois, mais pour tout dire, elle gagnait bien peu d'argent. Son chum aussi d'ailleurs.
Celui-ci avait vu sa carrière pâlir dès le milieu des années 90, quand les animateurs de radio devaient soudainement aussi (surtout) être de belles têtes connues du public, peu importe la qualité de leurs voix ou de leurs interventions. Il avait été poliment tassé, peu à peu placé sur les lignes de côtés et c'est en publicité radio exclusivement qu'il gagnait maintenant sa vie. Grâce à un l'ami d'un ami d'un ami., il faisait la voix de pratiquement toute les annonces d'une compagnie de voiture de la Rive-Sud de Montréal. Des publicités atrocement simples où on lisait sur un ton monocorde des textes, comme tirés des années 50 où on se contente de vanter le produit et de parler de l'offre. Des publicités qui détonnaient tellement sur les ondes des radio FM par leur manque de rythme, d'humour et de créativité qu'on finissait par les remarquer plus que certaines autres. Et ça, ça suffisait pour ceux qui l'engageait. mais on pensait peut-être déjà le remplacer car de nouvelles versions, sans lui, et une ÉPOUVANTABLE pub-télé faisaient maintenant leur chemin dans les médias.
Bianca l'aimait toujours mais elle ne pouvait s'empêcher d'aussi le trouver incompétent. Lui qui lui avait fait miroiter de multiples chances de travailler dans le milieu artistique Québécois (il avait fait une peu de télé aussi), peinait maintenant à se trouver du boulot pour lui-même, alors elle...
Elle le trouvait incapable et se sentait elle, si capable...si capable de mieux.
Ce samedi-là, c'est elle qui s'était déniché du boulot. Elle le cacherait à son chum. Elle danserait dans un bar de Montréal dans le cadre d'une fête annoncée pour célébrer le Mundial de Soccer du Brésil. Elle porterait quelques costumes du Carnaval de Rio, des costumes qui dévoilent, plus qu'il ne cache. Elle serait avec deux autres danseuses, dont son amie Carla, qui lui avait refilé le contact. Toutefois, l'expérience serait pénible.
Seule danseuse, Carla déclarant forfait puisque tombée malade et l'autre ayant eu les jetons et ayant refusé de porté ce costume de presque nudité, Bianca allait se trémousser toute seule dans un bar hostile.
Hostile, parce que la soirée annonçait (à la radio aussi) des dancerS, avec un "S" et qu'elle était seule. Tendue parce que les deux groupes qui avaient animé musicalement la soirée, Crossfire Hurricane & The Toothless Bearded Hags, avaient principalement joué du rock alors que plusieurs s'attendaient à du brésilien. Agressive finalement puisque l'équipe de soccer favorite ce soir-là n'amenait pas les résultats souhaités.
"She's old & ugly" avait-elle entendue dans la mêlée. Mais elle ne s'était pas laissée démonter. Elle souriait et excitait les sens tel que sa mission l'exigeait. Elle se demandait bien ce que son chum aurait pensé de la voir ainsi déshabillée. Son père? qu'aurait pensé son père? "Que fais-tu au Canada ma fille?" "Je danse pour mon pays, papi" "Ah! c'est bien ça...tu n'as pas oublié la Colombie! Y a pas juste Shakira!
Oui justement.
Elle met la barre trop haute pour nous, colombiennes.
Shakira est si belle, si tout, qu'elle éclipse toutes les autres.
Bianca ne dansait même pas pour son pays.
Elle dansait pour le Brésil.
Qui noterait la différence dans cette foule de barbares?
Bianca sentait bien qu'on ne lui regardait pas les yeux, qu'on la regardait avec appétit toute habillée de peau. Elle sentait aussi cette tension étouffante, qu'à trois, aurait peut-être été dilué sur trois corps féminin, peut-être sur Carla, que Bianca jugeait plus belle qu'elle et qui aurait généré toute l'attention. Mais il semblait à Bianca que les ondes négatives de la soirée se concentraient dans les yeux noircis de tous les mâles sur place et que peu à peu, une colère sourde et toxique leur glissait du ventre au membre sexuel et qu'il aurait fallu bien peu pour que l'un d'eux ne lui empoigne une partie du corps ainsi exposé pour le brancher à sa membrane. La tension était palpable.L'attention aussi, sur sa petite personne.
Plus la soirée avançait et plus elle se sentait étouffer. Jamais ne s'était-elle senti aussi nue dans une marmite de testostérone. Les hommes venait lui parler de plus en plus près, lui "accrochait" des cuisses, la taille ("scuze-moi, je fais juste passer"), une fesse, un sein...Elle devait sourire, tout ce temps, être la viande autour des chacals. Un buffet qu'on ne consommerait pas.
L'organisateur de la soirée avait choisi de donner trois fois l'argent qu'elle aurait eu ce soir-là, soit le salaire des deux autres qui ne s'étaient pas pointées + le sien, "à condition qu'elle mette le paquet pour exciter la clientèle et la faire boire". À un certain moment, elle cru qu'elle serait forcée d'en embrasser un ou deux ou pire encore,, aller derrière le bar travailler à genoux tellement les hommes entraient dans sa bulle. Plusieurs hommes avaient pousser la vulgarité jusqu'à lui proposer d'aller "en arrière pour parler" ce qu'elle avait chaque fois sagement décliné, avec le sourire.
Elle avait dansé dans la foule du bar, sur des airs moins latins qu'érotiques. En tout cas dans les yeux des hommes qui la regardaient, et qui n'avaient même pas besoin de la déshabiller pour s'exciter mentalement, c'était déjà fait.
"I want her on my Willy" avait-elle entendue avec effroi.
"I want my money back!" avait-elle aussi entendu ailleurs d'un ton rageur.
Elle ne s'était jamais démontée. Avait gardé le sourire à danser. Déshabillée.
Elle avait été bien, très bien payée.
Elle ne voudrait toutefois jamais plus un contrat de la sorte.
Une fois à la maison, saine et sauve, elle s'était mise à trembler et avait pleuré.
Son chum l'avait serré très fort, l'avait écoutée, avait appris son tourment et sa soirée en général.
Il l'avait serré très très fort dans ses bras pour la rassurer.
En lui promettant de ne jamais plus la laisser accepter une telle offre, mais qu'il fallait le mettre au courant la prochaine fois, pas seulement dire "je sors avec Carla ce soir".
Là, seulement là, elle l'avait enfin trouvé compétent.