mercredi 3 avril 2019

Arlette Varda (1928-2019)

Née en Belgique d'un père Grec et d'une mère française, elle s'exile avec sa famille, fuyant la guerre en 1940, à Sète, où elle y passe son adolescence. Elle connait l'épouse de Jean Vilar qui lui déniche un travail de photographe au théâtre national populaire.

N'aimant pas son prénom, donnée parce qu'elle aurait été conçue à Arles, elle devient vite Agnès.

Elle a une liaison avec le comédie et metteur en scène Antoine Bourseiller, duquel naîtra sa fille, Rosalie, future costumière de cinéma.

À 26 ans, avec des bouts de ficelle, elle tourne son tout premier film avec un jeune Phillipe Noiret. Le film sera monté par un ami, Alain Resnais.  Chronique néo-réaliste d'un village de pêcheurs, le film est précurseur de la Nouvelle Vague sur le point de naître en France.

Au festival de Tours, en 1958, elle fait la rencontre de l'amour de sa vie, le réalisateur Jacques Démy. 4 ans plus tard, ils s'épouseront. Entretemps, elle signe son chef d'oeuvre, Cléo, de 5 à 7. Dans son film, il y a aussi un court film. Muet. Mettant vedette Jean-Luc Godard, Anna Karina, Eddie Constantine, Sami Frey, Yves Robert et Jean-Claude Brialy. Michel Legrand signe la trame sonore. Elle gagne le Prix Méliès.
Elle tourne Les Créatures et Le Bonheur. Elle produit d'autres films aussi. Travaille sans cesse, agile intellectuellement et allumée.

Elle ne sera pas associée directement à la Nouvelle Vague, mais tout comme le cinéma d'Alain Resnais, Jacques Démy ou Chris Marker, elle est identifiée au jeune cinéma, dit "de rive gauche". Cr qui indique une différence sociologique et politique. Entre 1968 et 1970, elle séjourne à Los Angeles sur la côte Ouest des États-Unis. Elle se liera tant d'amitié avec Jim Morrison, chanteur de The Doors, qu'elle sera l'une des 6 invitées à son enterrement. Elle y réalise un film hippie-Hollywoodien. Elle tourne aussi quelques courts documentaires, genre avec lequel elle flirtera toute sa vie.

De retour en France, elle signe un film féministe et signe le manifeste des 343. Elle signe un documentaire sur la rue Daguerre (elle y fera une suite en 2005), puis un autre sur son passage aux États-Unis. Arte nous résume Agnès ici en 7 minutes.

En 1985, Sandrine Bonnaire brille devant sa caméra et ses directions. En 1987, Jane Birkin est sous la loupe d'un film qu'elle ne voudra jamais appeler documentaire. La même année une vraie fiction est tournée avec Jane.
Son époux décédé depuis un an, elle tourne un film sur l'homme de sa vie. L'homme et sa vie. Je vois ce film à Sherbrooke, étudiant universitaire alors, et je n'impressionne pas du tout l'amoureuse de l'époque qui m'y accompagne. Je déteste aussi les comédies musicales. Nous sortons du visionnement avec de l'ennui à part égales. On se désennuie autrement dans la nuit. Lola contre peau d'âne.
Elle tourne un documentaire sur les 25 ans des Demoiselles de Rochefort de Démy. Puis une autre docu sur son mari disparu. Elle est choisie pour tourner un film sur les 100 ans du cinéma, mais son produit final ne fait pas l'unanimité.
Elle revient en force avec un documentaire sur la errance, un sujet récurrent dans son oeuvre. Elle tourne un film qui tente de retrouver ses sujets, deux ans après. Elle tourne 7 autres documentaires entre 2004 et 2019, deux courts-métrages en 2003 et en 2004, et une mini série documentaire télévisée en 2011.

Son dernier docu, tourné alors qu'elle est nonagénaire, est une forme de testament, où elle finit par dire, en recevant des honneurs de par le monde (dont un Oscar en 2017), qu'elle compte maintenant se reposer un peu.

Elle repose en paix depuis vendredi dernier.

Elle avait 90 ans.

Mais encore 23 dans son coeur.

Jacquot l'attendait depuis longtemps.

De son arrivée, il sera content.

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