mardi 15 janvier 2019

Ces Films Français Ratés Aux États-Unis

...et qui n'auront jamais atteint la qualité française initiale.

Comme mon terrien préféré, Pierre Foglia, je suis un expert du métier en voie d'extinction.

Je traduis et me bute toujours à des gens cherchant "des traducteurs pour pas cher", ce qui est insultant pour n'importe branche de métier. Souvent, on préfère faire soi-même.

J'aspirais à scénariser pour la télé ou le ciné, mais le scénariste, à Hollywood en tout cas, est un métier à moitié mort. On n'y fait que des films de super héros, des suites ou des reprises. Regard rapide sur la programmation du week-end: Sur 17 films présentés près de chez moi, 8 entrent dans cette catégorie, 2 autres sont des "biographies inspirées de la réalité" et un dernier est une adaptation de personnage de Arthur Conan Doyle. 11 des 17 films demandent moins d'un scénariste que les 6 autres. Métier moitié-mort.

Certain qu'il faille bien les signer ces films d'une main de scénariste, mais ça reste un peu de la cuisine de fast-food et non de la restauration intéressante.

La comédie est un genre que les Français, au cinéma, semblent avoir soutiré avec succès à l'Amérique, au cinéma.
La comédie à succès dis-je bien.

Intouchables en a été un bon exemple. Les États-Unis lancent, depuis jeudi, leur version du même film. Une catastrophe aux yeux et aux dires de plusieurs, avec Bryan Cranston dans le rôle que tenait François Cluzet et Kevin Hart dans le rôle que tenait Omar Sy. Nicole Kidman y fait aussi de la figuration (plus elle plastifie, plus elle pose,  Nikky K).

Voici 11 versions U.S. de films français qui auraient pu ne jamais exister tellement c'était raté.

1997: The Jackal (acheté de Chacal en 1973)
Le premier film était déjà une co-production avec les britanniques, tourné par Fred Zinneman et avec Ed Fox dans le rôle tître. Le film était même trilingue, en français, anglais et italien. Dans la version de 1997, on rajoute l'Irlande avec Bruce Willis dans le rôle du Chacal, pris en chasse par des anciens tireurs de l'IRA, et Richard Gere, incapable de soutenir un accent irlandais sur 124 minutes. La ville de Montréal est impliquée dans cette mauvaise adaptation.

2010: The Tourist (acheté de Anthony Zimmer, 5 ans plus tôt)
Angie Jolie et Johnny Depp sont des noms très très vendeurs. Pourtant, dans les rôles tenus par Sophie Marceau et Yvan Attal, ils ont fait super patate. Lasse Halström, Tom Cruise, Bharat Nailuri, Charlize Theron, Sam Worthington et Alfonso Cuaron ont été brièvement associé au projet, la réécriture presque complète du réalisateur allemand Florian Henckel Von Donnersmarck y serait beaucoup pour la déconfiture.

2004: Taxi (acheté de Taxi en 1998)
Les films de Luc Besson plaisent beaucoup aux enfants de 16 ans et moins ou encore à ceux qui écoutent beaucoup l'enfant de 16 ans et moins en eux. La version française faisait parader des acteurs extrêmement populaires chez les jeunes, Samy Naceri et Frédéric Diefenthal, aux manières discutablement surranées, et fait découvrir Marion Cotillard. Jimmy Fallon , alors plus comédien qu'animateur de fin de soirée et Queen Latifah, qui était alors davantage chanteuse de hip hop que comédienne, passe à côté de tout, aux États-Unis. La définition de non-nécessaire.

2001: Original Sin (acheté de La Sirène du Mississippi de Truffaut, de 1969)
Je ne veux pas m'acharner sur Angelina Jolie, mais je peine encore à trouver un seul moment où je serais séduit ou impréssionné de sa part dans un film. Et il est vrai qu'on s'attaquait une autre vision que celle de Belmondo, Deneuve et Truffaut. Trois Géants que ne seront jamais Jolie, Antonio Banderas et Micheal Cristofer qui signe aussi l'adaptation scénaristique. Compliquée, alambiquée, arrangées avec le gars des vues de manières effrontées.

1991: Oscar (Acheté de Oscar de 1967)
Marisa Tomei est à 2 ans de gagner son Oscar pour My Cousin Vinny. Elle est la nouvelle jeune sensation d'origine italienne en pleine montée. Sly Stallone veut être un acteur autre qu'un héros d'action. Il veut tâter de la comédie. C'est une grave erreur. On choisit de refaire la comédie de 1967, qui au moins, mettait en vedette Louis de Funès. Et était un film plus court. John Landis ne réussit pas à faire de Rocky/Rambo un homme drôle.

2015: Martyrs (Acheté de Martyrs de 2008)
Le sombre, brutal et revanchard film français d'origine était si dérangeant qu'il était étonnant que quiconque ose y toucher. Pour amateur de tordu et de torture.

1999: Eye of the Beholder  (Acheté de Mortelle Randonnée de 1983)
J'ai été dans une soirée chez la blonde de Ewan, (soeur d'une amie d'alors) cette année-là et il s'y trouvait en raison du tournage qui se déroulait en partie à Montréal. J'ai manqué la chance de lui jaser ça ne l'ayant pas reconnu tout de suite (et lui filant à l'indienne). On ne remplace pas facilement Claude Miller, Isabelle Adjani ou Michel Serreault. Dans le film original, Serreault et le co-scénariste Michel Audiard ont en commun d'avoir perdu, entre 1975 et 1977, un enfant. Ceci rend l'intrigue et le jeu de Serreault nettement plus intéressante. Cette sensibilité ne se rend pas au travers de Ewan MacGregor (que j'adore au restant) et Ashley Judd est extrêmement jolie, mais froide comme un glaçon. 9% de taux d'appréciation sur Rotten Tomatoes.

2010: Dinner For Schmucks (Acheté du Diner de Con de 1998)
J'ai beaucoup de respect pour Steve Carrell et Paul Rudd que j'aime comme artistes. Il fallait du courage pour adapter l'immense succès français, probablement le film même qui a forgé la France comme force dominante de la comédie mondiale au cinéma. Jacques Villeret est indéclassable dans le rôle du con. Carrell rappelle beaucoup son personnage de Mike dans The Office. Oh la boulette! aux États-Unis.

1996: Diabolique (Acheté de Les Diaboliques de 1955)
Quand le film que vous tentez de REvendre fût une sensation lors de sa sortie originale, et qu'il est encore régulièrement cité comme l'un des meilleurs drame d'horreur jamais produit, vous avez intérêt à savoir ce que vous (re)faites. Plusieurs réalisateurs ont pensé réussir mais non, ils ont échoué. Même Alfred Hitchcock s'en voulait d'avoir raté l'achat des droits de la nouvelle de Boileau-Narcejac, qu'Henri-George Clouzot adaptera. Sharon Stone a fait partie de la seule version qui s'est rendue sur grand écran. Même si Isabelle Adjani a été incorporée dans le film afin d'adoucir les critiques à venir, la nouvelle version était à chier. Unanimement. Intercontinentalement.

1989: Cousins (acheté de Cousin, Cousine de 1975)
En fait Ted Danson et Isabelle Rossellini sont adorables dans ce film racontant deux cousins par alliance mal mariés tombant amoureux l'un de l'autre mais voilà, le film raconte l'internationale super succès de Jean-Charles Tacchella qui fût même nommé aux Oscars. L'original avait été un giga-succès à l'époque. Pourquoi ne pas simplement avoir resorti le même film, 14 ans plus tard? Refaire pour refaire. Pas revécu le même succès.

1994: My Father the Hero (Acheté de Mon Père, ce Héros de 1991)
Voilà un remake fait seulement trois ans après l'original. L'idée du père surprotecteur pour sa fille peut être très charmante, et l'a été entre Depardieu et Marie Gillain dans le film original. Mais dans la version des États-Unis, une jeune Katherine Heigl peine à bien jouer son rôle et Depardieu en anglais (la plupart des Français malheureusement) c'est comme un vache espagnole ayant la grippe qui vous parle. On reste sur les scènes plus longtemps que prévu se demandant ce qui a été dit. De plus, un père se faisant passer pour l'amoureux de sa propre fille vieillit mal de nos jours. Mais bon, c'était 1994.

Mention déshonorable  au mauvais Sommersby adapté de l'excellent Retour de Martin-Guerre de Daniel Vigne en 1982.

France, Just say NON!

Mais qu'es-ce que les producteurs ne feraient pas pour de l'argent?
Une fois vendu, on se moque bien du résultat final.
On passe à la banque.

N'allez pas voir The Upside.

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